Directeur emblématique du Critérium du Dauphiné depuis 2010, Bernard Thévenet est heureux de voir sa course passer dans la Loire quasiment chaque année. Rencontre avec le double vainqueur du Tour de France 75 et 77.
Bernard, que représente pour vous le Critérium après tant d’années à le courir ou le présider ?
B.T. : “C’est une course que j’apprécie depuis que je suis tout gamin. Cette passion pour le Dauphiné ne m’a jamais lâché. Je suis toujours aussi motivé à être présent, que ce soit à l’époque sur le vélo ou aujourd’hui avec mes nouvelles passions.”
Quel est votre rôle sur le Critérium ?
B.T. : “Je suis le directeur de la course mais c’est bien ASO qui organise l’événement. Ils sont bien structurés et ont toutes les personnes qu’il faut au bon endroit. Mon rôle consiste surtout à trouver les villes étapes, celles qui recevront les départs. Je les rencontre et au final je choisis celles qui seront désignées.”
Comment apportez-vous le Critérium au sein des mairies pour leur présenter ?
B.T. : “Déjà, on a des villes et villages qui sont candidats et qui nous contactent et nous allons parfois les démarcher. Ce qu’on propose, c’est d’offrir à des communes et aux habitants un spectacle sportif majeur. Le Critérium, c’est environ 80% des coureurs qui vont faire le Tour de France derrière. Et surtout, c’est gratuit pour le public. On voit souvent au bord des routes des familles, c’est l’essence même de cet événement. Vous savez, certains petits villages n’auront jamais un match de Coupe du Monde de foot ou un Grand Prix de Formule 1 chez eux, mais ils peuvent avoir le Critérium qui a aussi une dimension internationale.”
Depuis quelques années, on voit la course passer vraiment dans de toutes petites communes, c’est une volonté d’aller chercher ce genre de passage ?
B.T. : “Je suis d’accord avec Christian Prud’Hommes qui avait souligné l’universalité du cyclisme. On peut passer dans de petits villages sans problème. Certains ne sont pas adaptés, certes, mais c’est quand même pour beaucoup une possibilité d’offrir à leurs habitants un moment unique sur les routes. Et c’est l’immense avantage du cyclisme en général, de pouvoir créer des événements majeurs dans des lieux plus locaux.”
Qu’avez-vous pensé de l’arrivée remarquée de la course au Coteau l’année dernière ?
B.T. : “Très honnêtement au Coteau c’était une réussite exceptionnelle. On se serait cru sur une arrivée du Tour de France, vraiment. Il y avait énormément de monde. Mais plus globalement dans la région roannaise, nous avons un public de connaisseurs et qui se déplace souvent pour voir les courses.”
Êtes-vous encore surpris de l’engouement des Roannais pour le vélo ?
B.T. : “Non, je ne suis pas surpris. Je connais l’attachement des Roannais et des Ligériens plus globalement pour le cyclisme. Chaque année, ils montrent qu’ils sont capables d’accueillir ce type d’événement et ils montrent une vraie passion pour le cyclisme.”
C’est pour cela que vous revenez régulièrement dans la région avec le Critérium ?
B.T. : “C’est vrai qu’on aime bien revenir dans des endroits où le public aime le cyclisme. C’est bien pour l’organisation et pour les coureurs. Ils se rendent compte qu’ils intéressent vraiment les gens. C’est une fierté et c’est valorisant pour ces sportifs. On passe quasiment tous les ans dans la Loire, c’est géographiquement intéressant et quasiment obligatoire pour rallier les Alpes qui sont incontournables pour finir le Dauphiné. Après, on ne passera pas tous les ans dans le Roannais, il faut aussi changer parfois (rires).”
Avez-vous des souvenirs de cycliste dans le Roannais ?
B.T. : “Je n’y suis jamais passé sur un Tour de France ou un Dauphiné. Mais je me rappelle de mes jeunes années quand je venais courir dans le Roannais, j’enviais les coureurs d’ici. Chaque dimanche, il y avait une course dans un rayon de 20 bornes autour de Roanne, c’était fou ! A l’époque, il y avait beaucoup de bons coureurs.”
Est-ce que le cyclisme à changé depuis votre époque ?
B.T. : “Oui, les choses ont changé. On conçoit le cyclisme différemment et pour les jeunes il faut s’adapter. Les courses étaient différentes qu’à ma période. Je pense que le vélo a changé dans la forme, avec notamment des étapes plus courtes, mais pas dans le fond. C’est pareil qu’il y a 50 ou 100 ans, à la fin, c’est celui qui pédale le plus vite qui gagne. Mais il y a certainement aujourd’hui plus de sacrifices à faire.”
Vous êtes souvent sollicité pour évoquer votre parcours, n’est-ce pas usant pour vous ?
B.T. : “Vous savez, je suis toujours passionné de cyclisme. Il m’arrive d’aller voir de petites courses locales parce que j’aime ça. Alors transmettre, même si c’est peut-être un peu plus compliqué aujourd’hui, ne me dérange pas.”
Avez-vous un mot à adresser au public roannais ?
B.T. : “Je veux avant tout les remercier pour leur accueil souvent chaleureux. Nous venons cette année à Saint-Germain-Laval et Neulise par l’intermédiaire de Jean-Claude Comby. On espère voir le public très nombreux pour encourager les coureurs du Dauphiné.”
Son meilleur souvenir de coureur dans le Roannais ?
“Je me souviens de courses amateurs que j’ai pu faire. J’avais fait un podium lors du Grand Prix de Vougy. Je me souviens ce jour-là qu’on était au moins une dizaine à pouvoir gagner. Il y a de nombreux coureurs de la région qui auraient pu passer sans problème au niveau professionnel et qui étaient bien meilleurs que certains que j’ai pu croiser ensuite.”
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