Mercredi 13 Avril 2016, Kobe Bryant disputera le 1346ème match de sa carrière, mais surtout son dernier, qui clôturera son immense carrière. A l’aube de ce moment historique, qui sera assurément teinté d’émotion, Parlons Sports vous offre un retour sur les 20 années dans la ligue de ce joueur exceptionnel.
Entre Philadelphie et l’Italie
L’enfance de Kobe Bryant, natif de Philadelphie, est dictée par la carrière de son père, Joe Bryant. Basketteur professionnel, il a joué durant 8 saisons en NBA, notamment aux Houston Rockets et aux Sixers de Philadelphie Le trentenaire s’envole ensuite pour Rieti, en Italie. Sa femme Pam est du voyage, ses 3 enfants également. Kobe est alors âgé de 6 ans. Joe cartonne à Rieti, puis dans d’autres clubs de la Botte, sous les yeux passionnés et admiratifs de son fils. Puis Joe effectue un court passage en France, à Mulhouse, avant de mettre un terme à sa carrière de joueur. Retour aux USA pour les Bryant. Cette jeunesse instable, faite de déménagements réguliers, sans attaches, a forgé le petit Kobe. Son seul repère, c’était le basketball. Peu importe où il allait, dans quelle ville il était, il y avait un terrain, un panier, un ballon. C’était son refuge, son sanctuaire.
« Tu as donné à un garçon de six ans son rêve de Lakers. »
De retour au pays de l’oncle Sam, le benjamin de la fratrie poursuit ses études à Philadelphie, à la Lower Merion High School. Maillot n°33 sur les épaules, Kobe marque l’histoire de son lycée, où il passe 4 années. Lors de la dernière, en 1996, il remporte le championnat d’Etat, avec une ligne statistique ahurissante : 30,8 points, 12 rebonds, 6,5 passes, 4 interceptions et 3,8 contres. Il est considéré, à juste titre, comme le meilleur lycéen du pays.
Convoité par les plus grandes universités de tout le pays, Kobe n’a pas le temps. Kobe ne veut pas patienter. Sa soif d’apprendre est infini, il veut être le meilleur, et apprendre aux côtés des meilleurs. Le 30 Avril 96, devant un parterre de journalistes, il annonce, avec la pointe d’arrogance qu’il affectionne, qu’il n’ira pas à l’université, mais directement dans la Grande Ligue défier les plus grands. Sélectionner en 13ème position de la Draft 96 par les Charlotte Hornets, il est échangé le soir même aux Los Angeles Lakers. Il enfilera avec une fierté incommensurable le maillot or et pourpre à 18 ans et 72 jours. Il est alors le plus jeune joueur de l’histoire de la ligue, et personne n’a battu ce record à ce jour. Depuis son plus jeune âge, Kobe est un immense fan des Lakers. Lorsqu’il s’imaginait, plus tard, réaliser toute sorte d’exploit comme tous les jeunes passionnés de basket, il se voyait sous le maillot des Lakers et pas un autre. Il travaillait les moves de ses idoles, le skyhook de Kareem Abdul-Jabbar, le babyhook de Magic, le runner de Whorty. Ce soir-là, son rêve devient réalité.
« M’imaginer en train de marquer ce point en dernière seconde, faisant gagner mon équipe au Forum. » (l’ancien antre des Lakers)
Ses débuts en NBA
La première année fut très compliquée pour le n°8, son temps de jeu très faible ne lui permettait pas de se montrer. Son envie de jouer était immense, il voulait prouver qu’il était capable du meilleur, ne pas avoir sa chance était très dur pour lui. Dans le même temps, ses acolytes de la Draft Allen Iverson et Ray Allen cartonnaient. Mais Kobe travaille et attend son heure. Lors d’une interview à l’aube de la saison 97/98, un journaliste qui l’interroge sur sa progression durant l’intersaison conclue leur entretiens par ces mots : « Il n’a peut-être que 18 ans et 5 mois, mais ce jeune homme peut faire tout ce que peuvent faire les vétérans et peut-être même mieux. » Il ne croyait pas si bien dire.
Cette saison est celle de la révélation pour Kobe, son temps de jeu augmente, ses statistiques également, et il retrouve cette confiance qui le caractérise, cette assurance à toute épreuve. Le prodige peaufine ses gammes, apprend, mouille le maillot pour se faire une place. Les efforts au quotidien, les heures passées à la salle, les sacrifices, Kobe les a fait. Il ne va pas tarder à récolter les fruits de son labeur.
« Un amour si profond que je t’ai tout donné, corps et âme. »
La consécration
La saison 1999-2000 est remportée par les Los Angeles Lakers d’un Kobe Bryant impressionnant, qui porte avec son compère Shaquille O’Neal toute la franchise californienne. Aux dépens des Pacers de Reggie Miller, il obtient sa première bague de champion, son graal, son rêve d’enfant. « Et maintenant ? » se demande-il.
L’année suivante, Kobe termine la saison régulière avec des moyennes frôlant l’indécence : 29 points, 6 rebonds et 5 passes décisives en 67 matches. Il remporte pour la deuxième année consécutive le titre de champion NBA, aux côtés de son ami Shaq.
La légende est en marche, rien ne peux l’arrêter, aucune défense ne peux lui résister. Les Lakers écrasent la NBA depuis 2 ans, et s’offrent un troisième titre de champion NBA en 2002. A 23 ans, Kobe a déjà 3 bagues, il est au sommet de son art, et ne compte pas s’arrêter là.
Les années qui suivent ce three peat sont plus compliquées pour les Lakers, mais Kobe domine toujours outrageusement la ligue. Et le 22 janvier 2006, le temps s’arrêta. L’enfant de Phillie, qui porte désormais le n°24 est dans un bon soir, et pointe à 26 points à la mi-temps d’un match face à Toronto. Au retour des vestiaires, l’état de grâce dans lequel l’angelino se trouve est indescriptible. Le grand chambreur habituel est silencieux, concentré, presque ailleurs. Il plante 55 points et termine la rencontre avec 81 points. Deuxième meilleur total de l’histoire derrière les 100 points de Wilt Chamberlain. L’exploit est de taille, et Kobe entre dans une autre dimension. Une performance à retrouver en vidéo ci-dessous :
2009 est l’année du retour au sommet des Lakers, qui empochent le titre, et signent le doublé la saison suivante. Kobe a 5 bagues. Mais surtout, il a prouvé qu’il peut porter son équipe, transmettre son énergie et sa rage de vaincre à ses coéquipiers, et amener sa franchise au titre. Seul, sans Shaq. Il en était capable.
Une volonté à toutes épreuves
Kobe Bryant s’est forgé et s’est construit toute sa jeunesse autour de la balle orange. Il a toujours baigné dedans, il est tombé amoureux de ce sport qui le faisait tant rêver. Kobe est un acharné, un bourreau de travail. Le savant mélange de la passion pour ce sport et des valeurs de l’homme qu’il est a donné au monde du basketball un joueur hors norme, doté d’une mentalité exemplaire. Personne ne s’entraine autant que Kobe Bryant. Personne n’a la volonté de Kobe Bryant. Personne ne s’est relevé comme Kobe Bryant s’est relevé quand il a dû le faire. Playoffs 97, Kobe Bryant a la balle en main dans un match crucial face à Utat. Sûr de ses qualités, confiant comme il l’a toujours été, il shoot 3 fois d’affilés, avec la ferme volonté de prouver qu’il peut être décisif. 3 air-balls plus tard, les Lakers perdent le match. Soutenu par ses coéquipiers qui ne l’accable pas, lui le fait. Il ne veut jamais revivre un tel échec. Il s’inflige dès le lendemain un entrainement intensif, toute la journée. Il échoue, il travaille, tel est sa mentalité. Une volonté de réussir à toute épreuve qui le conduira au sommet, mais qui ne sera pas de trop face à une autre épreuve.
La vie de Kobe Bryant est idéale en 2003. Kobe est triple champion NBA, jeune papa de la petite Natalia, née de l’union avec sa femme Vanessa Bryant. Tous les voyants sont au vert, excepté le fait qu’il doit subir une arthroscopie du genou, qui l’a fait souffrir durant toute la saison écoulée. Présent dans un hôtel du Colorado 48h avant l’intervention, et est accusé par une jeune réceptionniste de viol. Le scandale éclate au grand jour, Kobe reconnaît la relation mais nie le viol. Sa vie personnelle est en pagaille, il craint la perte de ses proches, c’est une période délicate pour le joueur. Pour autant, l’homme touché fait chaque soir place au professionnel concentré et déterminé, le regard noir, sans pitié pour ses adversaires, prêt à leur marché dessus. Il se crée et se réfugie dans le basket comme il l’a toujours fait, il oublie tout et ne pense qu’a une seule chose : vaincre. C’est à cette période que la presse et lui créent l’image du Black Mamba. Durant cette saison où il sera innocenté au prix de nombreux aller-retour dans la Colorado pour le procès, il termine la saison avec 24 points, 5,5 rebonds et 5,1 passes de moyenne, avec 19 matches à plus de 30 points. Une force de caractère exemplaire.
Le 12 Avril 2013, face aux Warriors, Kobe part en dribble sur sa main gauche, puis s’écroule. Le verdict des médecins est terrible : rupture du tendon d’Achille. Une blessure de cette gravité pour un joueur de son âge est synonyme de fin de carrière pour un grand nombre de spécialistes. Cette idée est pour Kobe Bryant inconcevable. Sa carrière si prestigieuse ne peut s’arrêter de cette manière. Il se remet au travail, pendant des heures, des semaines, des mois. En convalescence pendant 8 mois, il fait tout son possible pour effectuer son retour le plus vite possible, mais surtout revenir au plus haut niveau. En décembre 2013, il rejoue 6 matches et se fracture le genou. Le sort s’acharne.
De retour lors de la saison 2014-2015, il revient avec un niveau de jeu moyen, peinant à retrouver le rythme. Cela ne l’empêche pas pour autant de dépasser son idole, son modèle. Le 15 Décembre 2014, il franchi la barre des 32 292 points inscrits par Michael Jordan et devient le 3ème meilleur marqueur de l’histoire de la NBA.
En Janvier 2015, il se blesse à l’épaule et doit subir une opération. Saison terminée et immense déception.
Le moment est venu de dire au revoir
« Mon cœur peut encaisser les coups, mon esprit peut gérer la lutte, mais mon corps sait qu’il est temps de se dire au revoir. »
Nous voilà aujourd’hui, le 13 Avril 2016, à la vieille du dernier match du Mamba. Les qualificatifs manquent pour évoquer cette carrière, si belle, si extraordinaire. Son palmarès est long comme le bras de Kévin Durant : 5 bagues de champion NBA, double médaillé d’or olympique avec Team USA, MVP de la saison régulière en 2008, MVP des Finales NBA en 2009 et 2010, 18 sélections au All Star Game. Entre autre. La liste est si longue.
Demain, la NBA verra une de ses plus grandes figures fouler pour la dernière fois le parquet du Staples Center. Le basketball perdra une légende. A l’instar de ses prestigieux ainés, Kobe Bryant a marqué le jeu de son empreinte, il laissera une trace indélébile dans les mémoires et les cœurs des amoureux de ce sport qui ont vibré tant d’années devant ses exploits. Il est à présent temps de profiter, de savourer ce dernier moment, ce dernier baroud d’honneur, et de remercier l’homme qui a fait rêver toute une génération. Merci Kobe Bryant.