Nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Parlons Sports Loire, l’interview du dimanche vous emmène au cœur des clubs et de ceux qui font le sport dans la Loire. Cyrille Chapot est directeur général du club de basket d’Andrézieux-Bouthéon (NM1) et adjoint au maire de la ville chargé des sports.
– Comment le club de l’ABLS traverse-t-il la crise actuelle ?
Cyrille Chapot : “Je dirais qu’il y a plusieurs points à cette crise. D’abord la situation des jeunes. Nous avons remis en place récemment des séances en extérieur. Nous sommes malheureusement accrochés aux futures décisions de la Fédération qui devrait, vraisemblablement, acter la fin de la saison pour les jeunes et les amateurs. On se prépare donc à cette annonce et on se tourne vers l’avenir. Je suis très inquiet pour la jeunesse, il risque d’y avoir un très sérieux décrochage au niveau de la pratique sportive. Avec l’ABLS, nous avons déjà établi un programme d’entraînement pour tous jusqu’à mi-juillet, si l’on peut retourner dans les salles au moins pour les entraînements. Il faut redonner du sens aux personnes qui ont investi dans une licence. Et je ne parle pas des seniors amateurs, qui n’ont pratiquement pas eu de séances depuis un an et où la casse sera encore plus terrible.”
– Andrézieux compte quand même une équipe, en National 1, qui peut continuer à jouer et qui brille en ce moment…
C.C. : “Effectivement, notre structure professionnelle fait partie des divisions autorisées à jouer. Mais on joue sans public à huit clos. C’est difficile de créer un engouement entre le public et l’équipe. On a pas l’engouement de nos licenciés envers l’équipe de NM1, c’est la première année que je vois ça et c’est très frustrant. D’autant plus que cette équipe tourne bien. Nous sommes dans les cinq premiers. C’est hyper frustrant pour tout le monde de ne pas pouvoir en profiter. Et je ne parle pas des partenaires… On peut quand même se satisfaire de la fidélité de nos partenaires. Plus de 80% d’entre eux ne nous ont pas laissé tomber.”
– Comment parvenez vous à faire le lien entre les différentes branches avec la crise sanitaire ?
CC. : “Je suis en lien permanent avec les bénévoles, les dirigeants et les licenciés. L’année prochaine, nous maintiendront le même niveau d’engagement sur toutes les équipes. Il faudra se rattraper sur les beaux jours. Le plus important pour nous, c’est de garder le même budget la saison prochaine. Si aujourd’hui il y avait un désengagement des partenaires, ce serait tout un club qui pourrait en pâtir. Nous avons 16 salariés à l’ABLS et c’est donc un enjeu très important.”
Il faut développer les sports en libre accès à l’extérieur
– Quelles perspectives pouvez-vous mettre en place ?
C.C. : “Nous sommes entrain de sortir un magazine en interne où l’on explique l’importance du rebond après cette crise sanitaire. Si on arrive à continuer à fidéliser les partenaires, les gens seront sevrés de basket et il faudra leur en donner quand ce sera possible. La commune et les institutions suivent bien le club et je suis confiant pour la suite. Nous avons toujours cet objectif qui est d’aller chercher plus haut qu’une place en NM1. Cela fait six ans que nous y sommes et ce serait bien, à court terme, d’aller voir ce qu’il se passe au dessus…”
– Dans quelles branches le club est-il parvenu à se développer malgré les difficultés ?
C.C. : “On avait embauché un agent de développement. Cela nous a permis de passer un cap notamment sur les retransmissions de match. Sur tous les réseaux sociaux, on commence à avoir une grande communauté qui nous suit. Il va falloir garder ces acquis pour continuer à grandir. Ce qu’on a mis en place pendant la crise va nous servir dans le futur. Tout est fragile, on le sait et on le voit avec d’autres clubs de NM1 notamment qui vont avoir du mal à s’en sortir. L’ABLS est resté raisonnable dans toutes ses décisions. Nous avons pris un engagement avec les joueurs et les dirigeants sont très fidèles au club.”
– Vous êtes également adjoint à la commune. Les associations sportives andreziennes vont-elles s’en sortir ?
C.C. : “Nous parlions du basket, qui a l’équipe qui joue au plus haut niveau dans la commune. Je ne suis pas inquiet pour l’ABLS. Par contre, sur Andrézieux-Bouthéon, il y a des clubs de combat ou d’indoor qui vont être en difficulté, c’est certain. Il y a un désamour pour les sports du contact suite au COVID. Pourtant, avant la crise, ces disciplines étaient en plein essor sur la commune notamment au dojo. On a déjà noté en septembre 2020 une baisse de 14% des licences sportives dans la commune. Il faut maintenant réfléchir à d’autres alternatives. Il y aura une pratique sportive différente. Aujourd’hui, on est entrain de faire un programme qui donne accès à des enceintes sportives gratuitement. Je suis convaincu que le sport en liberté va exploser l’année prochaine.”