Dee Spencer, à 40 ans, joue encore au basket, du côté de l’Egypte. Après son retour en héros à Roanne début février, nous l’avons rencontré pour revenir sur son parcours.
Dee, la première question que l’on se pose, c’est comment allez-vous depuis votre passage à Roanne en février ?
D.S. : “Tout va bien. Je suis retourné en Egypte dans mon club pour finir la saison. On commence à être de mieux en mieux. Je suis plutôt optimiste pour la fin de la saison.
A 40 ans, vous jouez toujours, en Egypte, qu’est-ce qui vous pousse à continuer votre carrière ?
D.S. : “Je vais avoir 41 ans au mois de mai. Je joue encore au basket parce que j’ai je pense pouvoir encore jouer. Mon corps répond toujours présent et je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir 40 ans (rires). Donc pourquoi devrais-je arrêter si je peux continuer ? C’est difficile de renoncer à jouer quand tous les jours au travail tu sais que tu peux encore le faire.”
En février, lors de la trêve, vous êtes revenu sur Roanne, pourquoi ?
D.S. : “Je n’étais pas revenu ici depuis une éternité. Honnêtement, j’ai adoré revenir à Roanne. J’ai pu revoir les supporters, voir également comment le club avait évolué. Je n’avais jamais vu la Halle Vacheresse comme elle est actuellement. En tout cas, la façon dont les gens vous accueillent ici n’a pas changé. Je me suis senti comme chez moi. Revenir comme ça après une telle absence a été comme une vraie bénédiction pour moi.”
Quel lien gardez-vous avec Roanne ?
D.S. : “J’ai encore des amis à Roanne avec qui je parle toujours. J’ai notamment un copain qui me tient au courant régulièrement de ce qui se passe ici. Je suis aussi le club sur les réseaux sociaux et j’ai toujours gardé un lien avec Jean-Denys, en suivant aussi son parcours et les clubs qu’il a pu entraîner. Je ne suis finalement jamais loin de Roanne.”
Si on revient en arrière, vous faites vos débuts aux Etats-Unis puis êtes repéré à 23 ans par Jean-Denys Choulet. Comment vous a-t-il convaincu de signer en France ?
D.S. : “Je suis allé dans ce camp, à Colombus dans l’Ohio. Je n’étais même pas censé y participer. J’ai été invité et quand j’ai commencé à jouer, je me suis rendu compte que le basket était fait pour moi. Quand j’ai été repéré, j’ai pratiqué mon meilleur basket. Cette opportunité de venir à Roanne, elle a changé ma vie et celle de ma famille. C’est un moment qui reste inoubliable pour moi.”
Vous débarquez en Europe, comment se sont passés vos premiers mois en France à Roanne ?
D.S. : “Je n’étais jamais parti de chez moi, c’était une toute nouvelle expérience. Quand je suis arrivé ici, les Roannais m’ont fait sentir que j’étais le bienvenu. Après, je pense que j’ai eu le mal du pays parce que je ne l’avais jamais quitté. J’ai mis du temps à comprendre qu’il fallait me concentrer sur le basket et que j’étais là pour jouer. Cette période m’a beaucoup appris et elle m’a permis de pouvoir jouer au haut niveau depuis dix-huit ans maintenant.”
Après une première année compliquée, vous commencez votre deuxième saison en 2007 à Roanne. Pensiez-vous possible de tout gagner ?
D.S. : “Je pense que lors de la première saison, nous avons été vraiment surpris. Je ne connaissais rien du championnat français. Je pense que cette saison nous a permis de commencer à former ce qui allait suivre. Il y a une sorte de fraternité qui s’est formée entre nous. Lors de la deuxième saison, celle du titre, on a connu un début de saison où nous avons enchaîné les victoires et c’est à ce moment-là que tu te dis qu’il est possible de faire quelque chose de vraiment spécial avec Roanne.”
Avec Aaron Harper et Marc Salyers, vous formiez un trio infernal, comment avez-vous vécu cela ?
D.S. : “Ce trio avec Marc et Harp’ était vraiment spécial. Aaron pouvait à peu près tout faire, prendre le ballon et marquer n’importe quand. Marc, c’était la même chose. Il était performant à quasiment tous les postes ! C’était hyper bénéfique de pouvoir jouer avec des gars qui sont aussi performants et ça m’a forcément tiré vers le haut. Surtout, nous avons su tirer le meilleur de nous même. On ne s’imagine pas mais avoir trois joueurs à plus de 20 points de moyenne, je n’ai franchement plus jamais connu ça dans ma carrière. Tout ça, c’est Jean-Denys qui l’a rendu possible. Je pense à Marco (Pellin) et Pape (Badiane) et le reste de l’équipe qui nous ont permis d’éclore. Ils nous ont fait confiance et ont joué leur rôle. Ces gars, je ne les remercierai jamais assez pour tout ce qu’ils ont fait pour cette équipe. Et le coach, qui nous a juste laissé jouer, nous a laissé être les joueurs que nous étions. Cette épopée de 2007 est unique dans une vie.”
Vous remportez le titre puis vous quittez le club en 2007, pourquoi ?
D.S. : “Cette saison et ces titres ont été très bénéfiques pour moi. C’était un peu le sommet ultime. Quand j’ai décidé de partir, c’est ma deuxième saison en professionnel et j’étais encore jeune. C’est une décision que j’ai prise en famille. Quand tu gagnes le titre, que tu es MVP, il y a des gens après qui viennent te voir et te glisser dans l’oreille que tu es capable de faire telle ou telle chose. Moi, j’ai écouté tout ça. J’aurai adoré rester à Roanne. Si j’avais su, cela aurait peut-être été différent… Je pensais à l’époque que c’était la meilleure décision pour moi.”
Par la suite, vous jouez au Mans ainsi que dans d’autres clubs jusqu’à aujourd’hui, qu’est-ce qui reste aujourd’hui votre meilleur souvenir en carrière ?
D.S. : “J’ai joué pendant 18 ans et je joue encore aujourd’hui. C’est difficile de choisir un moment parce que j’en ai vécu beaucoup. J’ai eu des hauts et des bas mais tous ces moments ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. En tout cas les souvenirs de ma carrière resteront pour toujours en moi, notamment ceux vécus à Roanne.”
Avez-vous un regret de ne pas avoir joué en NBA ?
D.S. : “Je ne peux pas dire que c’est un regret. C’était un rêve. Après, on ne peut pas tous jouer en NBA. J’ai fait des erreurs dans ma carrière mais j’ai eu une deuxième chance. Cela m’a permis de continuer ma carrière en tant que professionnel jusqu’à aujourd’hui.”
Vous aviez lancé la mode de la manchette à votre bras gauche. Maintenant, pouvez-vous nous dire pourquoi vous en portiez une pour les matchs ?
D.S. : “En vérité, c’est pour plusieurs raisons. Déjà parce qu’à ce moment-là, c’était quelque chose de différent. Ensuite, c’est l’un de mes amis qui les faisait. La porter, c’était aussi une possibilité de mettre son activité en avant, tout simplement.”
Peut-on espérer vous voir revenir un jour en France ?
D.S. : “La France pour moi, c’est la naissance de ma carrière. C’est le point de départ pour tout. Elle a fait ce que je suis aujourd’hui. J’ai appris la vie ici. Donc oui, c’est un souhait de ma part de finir ma carrière en France.”