Ligue 1 : Qui sont vraiment les prétendants à la montée ?
« Il reste trois matchs pour faire la différence ». Une phrase que doivent se répéter en boucle les cinq équipes encore en lice pour la montée. Cinq ! Vous vous rendez compte ? Pour Troyes, champion de Ligue 2 dès la 35ème journée, c’est fait. Mais derrière ? Le Gazélec Ajaccio, Angers, Dijon, Nancy et Brest. Cinq équipes, qui possèdent entre 54 et 61 points, à trois matchs de la fin. Nous faisons face, ici, à une des plus belle saison de Ligue 2 des dix dernières années.
Mais une question reste en suspens : Mis à part Troyes, qui sont vraiment les prétendants à la montée en Ligue 1 ?
Le classement à la 35ème journée :
Les prétendants :
L’Angers Sporting Club de l’Ouest
Crédit photo : Yan Luat
Les Chiffres :
Ligue 2 : 38 saisons
Ligue 1 : 23 saisons
Dernière saison dans l’élite : 1993 – 1994
Présentation :
L’Angers SCO, l’un des plus vieux pensionnaire de la Ligue 2 ! Avouez-le, quand on vous dit « Ligue 2 », Angers fait parti des premiers noms que vous avez à la bouche. Et à juste titre ! A vrai dire, si l’on s’amuse à faire un classement des habitués, Angers serait 3ème (derrière l’AS Cannes et le Besançon RC avec 41 saisons chacuns). Mais revenons aux bases. Après avoir acquis le statut professionnel, le SCO s’engage en 2ème division après la libération, en 1946. Il découvrira la 1ère division en 1956, en y restant régulièrement jusqu’en 1981. Ensuite, place à l’équipe que nous connaissons maintenant. Habituée à la seconde division, au point d’avoir l’impression qu’elle y est depuis toujours. Ou presque. Angers retournera bien en 1ère division en 1993, mais y fera une saison catastrophique. Sous l’ère Alain de Martigny, le club est 20ème au classement, avec 4 victoires seulement. Ce vif retour, les supporters n’en garderont pas un très bon souvenir. Angers c’est également une éternelle malédiction depuis 2008. Souvent dans le dernier carré pour accéder à l’élite, l’équipe termine toujours 6ème, 4ème, 5ème. D’autant plus dommage qu’Angers possède à chaque fois un effectif de qualité ! Ou comme le dit si bien Stéphane Moulin, actuel coach du club : « Être une valeur de la Ligue 2, et plus si affinités… ».
Cette saison :
Début de saison mitigé pour le SCO, avec presque autant de victoires que de défaites jusqu’à la trève hivernale. L’équipe se situait à la 6ème place du classement. Puis Angers s’est réveillé. Avec un Jonathan Kodjia en grande forme (15 buts et second meilleur buteur du championnat à la 35ème journée), l’équipe enchaîne les bons résultats. Les angevins ne parviendrons cependant pas à dépasser la 3ème marche du podium, où ils sont encore à l’heure actuelle. Une des forces d’Angers est l’expérience de ses joueurs. Olivier Auriac, Ludovic Butelle et Charles Diers sont à citer, parmi d’autres.
Pour les trois derniers matchs :
Et si c’était cette année que l’Angers SCO mettait fin à cette malédiction ? Il faudra cependant faire preuve de professionnalisme. Avec Dijon en embuscade à seulement 2 petits points, le droit à l’erreur n’existe pas. Les angevins recevront Sochaux et Nîmes, et se déplacerons à Nancy, un autre candidat à la monté. Autant dire que rien n’est gagné d’avance. Un atout ? Retrouver ce petit plus de milieu de saison, à savoir ne pas prendre de buts (ce qu’Angers à réussi à faire seulement 2 fois dans les 6 derniers matchs). Sinon, le SCO risque bien de rester au pied du podium, une fois de plus.
Le Dijon Football Côte d’Or
Crédit photo : Vincent Poyer
Les Chiffres :
Ligue 2 : 10 saisons
Ligue 1 : 1 saison
Dernière saison dans l’élite : 2011 – 2012
Présentation :
Le DFCO c’est tout d’abord un club jeune. Fondé en 1998, l’équipe a tout de même réussi à gravir rapidement les échelons. Grâce à Rudi Garcia, tout d’abord, l’entraîneur actuel de l’AS Roma. Avec lui, le club monte en Ligue 2 en 2004. Dès leur première saison, les bourgnignons loupent de peu l’ascension directe en Ligue 1, en terminant 4ème ! Il faudra donc attendre 2011 pour que Dijon découvre l’élite, sous l’ère Patrice Carteron, grâce à une 3ème place en Ligue 2. Sebastián Ribas, meilleur buteur du championnat avec 23 réalisations, quitte le club et part se perdre en Italie (il ne fera presque plus rien par la suite). On aurait pu croire au désastre, mais pour sa première saison en Ligue 1, le DFCO possède une équipe de belle facture : Benjamin Corgnet (actuellement à Saint-Étienne), Eric Bauthéac (actuellement à Nice), Abdoulaye Meïté (ancien joueur de Marseille et de Premier League) ou encore Cédric Varrault et Baptiste Reynet (toujours au club). La principale qualité de cette équipe, c’est sa forte personnalité. Une unique saison dans l’élite qui aboutiera à une 19ème place, à seulement 3 petits points du 17ème. Pourtant bien lancé, le club doit sa relégation en grande partie à cause d’un conflit interne entre l’entraîneur Patrice Carteron et le président Bernard Gnecchi. Tous deux remettrons leur démission par la suite. Olivier Dall’Oglio, alors entraîneur adjoint, reprend (avec, jusque là, une certaine abilité) les rênes du club.
Cette saison :
Dijon en 2014, c’est un excellent début de saison. Les victoires s’enchaînent, avec une 2ème place derrière Troyes en fin d’année. En 2015, c’est tout autre chose. Si le championnat avait débuté en janvier … Dijon serait actuellement 11ème. Une contre-performance dûe au manque de réussite devant le but. Et également, entre autre, au départ de Romain Philippoteaux, alors meilleur joueur et meilleur buteur du club, à Lorient. On le voit bien à la différence de buts, Dijon est une équipe qui n’arrive pas à concrétiser ses occasions. A contrario, elle possède une excellente défense. « On fait du Dijon », rappelle Olivier Dall’Oglio après la victoire contre Arles-Avignon lors de la 34ème journée. C’est à dire remporter ses matchs sur le score de 1-0.
Pour les trois derniers matchs :
Il faudra combler ce manque de réussite. Mais Dijon possède certainement le calendrier le plus avantageux de tous ses concurrents. Deux rencontres à domicile contre Châteauroux et Nancy (concurrent à la montée), et une à l’extérieur contre Tours. Avec seulement 2 points de différence avec Angers, et 4 points avec le Gazélec Ajaccio, le DFCO garde toutes ses chances. Le club à raison de croire à un possible retour dans l’élite. « Nos concurrents ne gagneront certainement pas tous leurs matchs » rappelle le coach, Olivier Dall’Oglio, après le match nul (0-0) contre Brest. Dijon pourra compter sur sa défense et sur son excellent gardien, Baptiste Reynet, impérial dans les cages. Maintenant, à eux d’être plus percutants devant le but pour ne pas laisser filer cette occasion de remontée.
Le Gazélec Football Club Ajaccio
Crédit photo : GFC Ajaccio – Site officiel
Les Chiffres :
Ligue 2 : 18 saisons
Ligue 1 : Aucune saison
Dernière saison dans l’élite : Jamais
Présentation :
Bien que peu vu ces dernières années, le Gazélec est pourtant un club d’histoire. Fondé en 1960, son nom provient des groupes GDF et EDF. Si, je vous assure ! Gaz = Gaz de France et élec = Électricité de France. En 1962, le GFC devient le premier club corse à atteindre les 32ème de finale de la Coupe de France face à Béziers (2-2). A la même époque, l’équipe sera sacrée quatre fois Champion de France Amateur. Le Gazélec refuse d’accéder au professionnalisme, et par conséquent, loupe l’énorme occasion d’aller … en 1ère Divison ! Son ennemi juré, l’AC Ajaccio, s’en chargera à sa place. Le club refera parler de lui dans les années 1990, en participant de nouveau à la Coupe de France. Il ira même jusqu’en ¼ de finale contre l’AS Monaco d’Arsène Wenger (défaite 0-3). Le célèbre gardien de but, Pascal Olmeta, viendra renforcer l’effectif du club entre 1997-1999, en vain. En effet, le Gazélec se verra refuser l’accession en Division 2 car … la LFP interdisait à une ville de moins de 100 000 habitants de compter 2 clubs professionnels dans la même division. Le GFC devra donc attendre 2012 pour retrouver la désormais « Ligue 2 ». Terminant à la 20ème place, il sera relégué en National pour la saison 2013-2014 … pour mieux remonter cette année !
Cette saison :
Non mais sérieusement, vous vous y attendiez, vous ? Une place de dauphin à trois journées de la fin. Au début, on se disait : « C’est un coup de chance, ils vont s’essoufler ». Et bien non. Le Gazélec finira 5ème avec 30 points à la 19ème journée … avec presque autant de victoires que de défaites. Un tendance qui va complètement s’inverser en seconde partie de saison avec jusqu’ici : 8 victoires, 8 nuls, et seulement une défaite. Le Gazélec Ajaccio est certainement la plus belle surprise de cette saison 2014-2015. Tout fraichement remonté en Ligue 2, les supporters pensaient certainement que le club allait se maintenir, ou viser le milieu de tableau, tout au plus. Et bien non, Thierry Laurey, l’actuel coach de l’équipe en a décidé autrement. Celui-ci sera même nommé au trophée UNFP du meilleur entraîneur de Ligue 2 aux côtés d’Olivier Dall’Oglio (Dijon), Jean-Marc Furlan (Troyes) et Stéphane Moulin (Angers). Cérémonie qui se tiendra le 17 mai prochain.
Pour les trois derniers matchs :
Soyons réaliste, ce sera très difficile pour le Gazélec de maintenir sa 2ème place. Ses deux derniers matchs contre Tours et Auxerre se sont soldés par un nul. Et la suite du calendrier n’est pas de bon augure pour les corses. Déplacement à Créteil, tout d’abord, équipe solide à domicile qui vient de défaire Brest 2-1. Ensuite, le Gazélec reçoit Niort. Équipe qui n’a perdu qu’un seul et unique match … depuis 13 rencontres ! Enfin Valenciennes, chez eux, ou l’enjeux sera certainement de taille selon les résultats des autres prétendants. Un calendrier difficile pour le Gazélec, qui devra faire preuve de sérieux, s’il souhaite vraiment découvrir l’élite.
L’Association sportive Nancy-Lorraine
Crédit photo : ASNL – Site Officiel
Les Chiffres :
Ligue 2 : 19 saisons
Ligue 1 : 29 saisons
Dernière saison dans l’élite : 2012-2013
Présentation :
Je ne vais pas beaucoup m’attarder sur l’AS Nancy-Lorraine, il s’agit certainement du prétendant que vous connaissez le mieux. Avec ses 29 saisons en Ligue 1, le club a su faire partie des meubles pendant de longues années, et très rapidement. Fondé en 1967, l’équipe parviendra à monter en 1ère division en seulement 3 ans ! Et réussira l’exploit d’y rester régulièrement jusqu’en 1987. Exploit auquel participera le tout jeune Michel Platini (à l’époque) entre 1972 et 1979. Ensuite, l’ASNL naviguera entre la 1ère et la 2ème division jusqu’en 2005, où l’équipe restera en Ligue 1 pour de bon. Grâce notamment à un certain Pablo Correa qui stabilisera le club avant de le faire remonter dans l’élite. Sous son aile, le club remportera la Ligue 2 en 2005, puis la Coupe de la Ligue en 2006. Ce qui fera découvrir à Nancy la coupe UEFA, mais le club sera éliminé en 16ème de finale par le Chakhtar Donetsk (2-1). La suite, on la connait. Pablo Correa quitte Nancy en 2011, qui sombrera en Ligue 2 en 2013. Rencontrant des difficultés lors du début de saison 2013-2014, le club voit son entraîneur fétiche (Pablo Correa, encore lui) revenir pour tenter de sauver le club. C’est une presque réussite, puisque l’ASNL finira 4ème, au pied du podium.
Cette saison :
Ce début de saison n’est pas une franche réussite pour Nancy. L’équipe commence pourtant bien, avec plusieurs victoires à la chaine, mais finira l’année 2014 en queue de poisson avec 5 défaites d’affilée. 8ème à la trève hivernale, l’ASNL réussiera tant bien que mal à se relancer, et peut se féliciter d’un joli 6-0 contre Châteauroux lors de la 25ème journée. Son atout le plus important : son attaque. Avec Youssef Hadji (13 buts) et Mana Dembelé (12 buts), l’équipe de Pablo Correa est actuellement à la 5ème position, à 5 points d’Angers (3ème).
Pour les trois derniers matchs :
S’ils jouent bien, Nancy est l’équipe qui peut créer la surprise en cette fin de saison. Mais ce sera très difficile. Déplacement à Clermont pour commencer, qui compte 5 victoires et 2 nuls lors de ses 7 dernières rencontres. Mais ce sont les matchs suivants qui peuvent s’avérer déterminants. Je vous le donne en mille : Angers et Dijon. Inutile de vous dire que si l’ASNL remporte ces trois matchs, on pourra véritablement parler d’exploit.
Le Stade Brestois 29
Crédit photo : Stade Brestois 29 – Site Officiel
Les Chiffres :
Ligue 2 : 19 saisons
Ligue 1 : 13 saisons
Dernière saison dans l’élite : 2012-2013
Présentation :
Le Stade brestois 29 possède une histoire bien particulière. Fondé en 1950, le club attendra 20 ans avant de se voir promu en Division 2. Il y restera jusqu’en 1979, année de sa promotion en Division 1 pour la première fois de son histoire. Cette année d’apprentissage se soldera par une 20ème place au classement. Relégué, le club n’abadonne pas et remonte dans l’élite l’année suivante. Pendant cette période, le club change brièvement de nom, et devient le « FC Brest Armorique ». Brest commence alors à entrer dans une phase de « foot-business », avec le recrutement de stars sud-américaines. Cela fonctionnera quelques années, avec une historique 8ème place en Division 1 en 1987. Record du club toujours inégalé aujourd’hui. Le FC Brest Armorique voit alors passer des joueurs comme Paul Le Guen, Vincent Guérin, David Ginola, Stéphane Guivarc’h ou encore Corentin Martins. Mais en 1991, c’est le déclin. Malgré une 11ème place obtenue en championnat, le déficit important du club entraîne sa relégation en 2ème Division. Il finira par déposer le bilan en décembre de cette même année. L’équipe professionnelle est dissoute. L’équipe réserve, elle, devient l’équipe fanion. En 1993, le Stade brestois (qui a retrouvé son nom d’origine) est promu en National, ou il y restera jusqu’en 2004, avec un court passage en CFA entre 1997 et 2000. Les bretons retrouvent donc la désormais Ligue 2. Lors de la saison 2009-2010, avec l’entraîneur Alex Dupont, le club termine 2ème, et retourne officiellement en Ligue 1. Brest y restera 3 ans, avant de revenir sur ses pas en 2013, à cause d’une 20ème place, et donc, d’une relégation. Le président Michel Guyot démissionne. Yvon Kermarec, ancien vice-président, le remplace. Sa première action : rappeller Alex Dupont (démi de ses fonctions en 2012) au poste d’entraîneur.
Cette saison :
Brest, c’est un peu le même profil que Dijon. Un début de saison plutôt convenable, et une 3ème place à la pause hivernale. Ensuite, c’est la douche froide. Faisons le même constat qu’avec Dijon tout à l’heure : si le Stade Brestois avait commencé sa saison en janvier … le club serait actuellement 13ème. La faute a un nombre élevé de matchs nuls (15). Cependant Brest ne perd pas à domicile. Seulement une seule défaite cette saison contre Auxerre (0-1) à la 31ème journée. Actuel 6ème du championnat avec 54 points et une différence de buts de +15 (exactement comme Nancy), Brest a besoin d’un miracle pour parvenir à rejoindre le trio de tête.
Pour les trois derniers matchs :
Le Stade Brestois, c’est la même chose que Nancy, me direz-vous. Et bien non. Contrairement à l’ASNL, Brest ne rencontrera pas de concurrents directs à la montée, et ne pourra pas leur faire perdre de points cruciaux. Pire encore, le club rencontrera Troyes, champion de Ligue 2, lors de la 37ème journée. Dans le reste du calendrier, deux déplacements à Clermont et l’AC Ajaccio. Autant dire que la montée ne peut se jouer que sur un scénario très rocambolesque. Trop, peut-être, pour qu’il soit envisageable.
Conclusion
Des cinqs équipes, Angers, Dijon, et le Gazélec sont les mieux lancés ! Quoi que … Nancy à la possibilité de réaliser un coup de maître, avec deux rencontres face à des concurrents directs. Pour Brest, malheureusement, il est quasi-certain que la montée ne se jouera pas cette année. Comme je vous le disais en introduction, nous faisons face ici à une des plus belle saison de Ligue 2 de ces dix dernières années. Le suspens semble interminable pour les supporters des différents prétendants, tellement les clubs sont proches. Mais vous savez, en Ligue 2, tout est possible. La montée se jouera certainement dans les dernières minutes de la 38ème journée.
Charles Perrin