Qui a dit que le leadership en Angleterre était seulement réservé à Manchester, Chelsea, Arsenal, ou autres grosses écuries de Premier League ? A l’aube de la 14ème journée, c’est bel et bien Leicester qui est aux commandes du championnat. Cela faisait bien longtemps que la ligue anglaise de football n’avait pas été secouée par une équipe considérée encore comme un “petit poucet”. Comment ce club, revenu de nulle part, est-il parvenu, sans faire de bruit, à se hisser au sommet d’un des championnats le plus relevé d’Europe ? Portrait.
4 avril 2015, 31ème journée de Barclays Premier League. Leicester est au fond du trou. Bon dernier du classement, 17 défaites sur les 23 derniers matchs joués, l’équipe est dos au mur, et doit pourtant affronter une solide équipe de West Ham, dans son stade. Les hommes de Nigel Pearson débutent bien la rencontre en ouvrant le score rapidement. Ils auront même l’occasion de doubler la mise 2 minutes plus tard, sur pénalty, mais celui ci sera manqué. West Ham égalisera juste après. Le coup fatal ? A la mi temps, les 22 acteurs sont à égalité 1-1.
Leicester poussera, et gagnera le match grâce à un but dans les dernières minutes d’Andy King. La combativité, la rage de vaincre des joueurs s’était avérée enfin récompensée.
Cependant, une problématique subsiste encore : l’équipe allait-elle pouvoir enchaîner les bonne performances, au point de se sauver de la zone de relégation ? Les joueurs allaient devoir arracher le maintien au mental. Un jeu tourné vers l’avant, un véritable esprit d’équipe ainsi que de bonnes individualités (Ulloa, Vardy, Cambiasso…) ont permis à Leicester City d’engranger la bagatelle de 7 victoires sur les neufs derniers matchs, et de s’extraire des profondeurs du classement.
Leicester terminera finalement à une inespérée 14ème place. Qui aurait pu prédire qu’une équipe, lanterne rouge et “condamnée” depuis la 13ème journée, allait subitement se métamorphoser ?
Srivaddhanaprabha, le milliardaire thaïlandais à la présidence du club, avait pour projet de donner une nouvelle dimension à une équipe, qui ne doit plus se contenter de jouer le maintien. Ainsi, le mercato fut très agité cet été à Leicester. Le premier gros chamboulement a été tout d’abord le licenciement d’un des hommes clé de la réussite de Leicester, Nigel Pearson. Le président a motivé ce licenciement pour “différences fondamentales de perspectives”. En effet, les rapports entre l’entraîneur anglais et la direction étaient tendus, notamment du fait du scandale de l’orgie raciste auxquels trois joueurs (dont le fils de Nigel Pearson, James) auraient participé lors de la tournée du club en Thaïlande. Claudio Ranieri prendra le relais.
Le club recrutera astucieusement, sans trop dépenser (seulement 30 millions d’€ investis, ce qui n’est relativement pas faramineux quand on regarde les dépenses des autres clubs anglais), et accordera sa confiance principalement à l’expérience des “anciens” comme Vardy, Fuchs ou encore Schmeichel, mélangé à la fougue de jeunes talents (Kanté, Mahrez…).
Et le mélange s’avère explosif. Le début de saison démarre comme elle s’était fini: sur les chapeaux de roues. Les bonnes performances se suivent et se ressemblent.L’année dernière, au même stade de la compétition, Leicester était lanterne rouge, alors qu’aujourd’hui , l’équipe pointe à la première place, devant les deux Manchester, et Arsenal, avec 8 victoires, 4 nuls et une seule petite défaite.
Si Leicester est à sa place actuelle, c’est en partie grâce à un seul homme, qui fait briller offensivement ses coéquipiers; il s’agit de Jamie Vardy, auteur de 13 buts en autant de journées. L’international anglais battra même le record de Ruud Van Nistelrooy, puisqu’il marquera dans 9 matchs de championnat consécutifs.
L’euphorie actuelle de Leicester reste quand même à nuancer. La Blue Army va seulement commencer à s’attaquer aux “gros morceaux” du championnat :Man United, Swansea, Chelsea, Everton, Liverpool et Man City seront leurs prochains adversaires.
28 novembre 2015 : En presque 8 mois, Leicester est passé de candidat au maintien en véritable outsider. Les hommes de Ranieri sont attendus au tournant dès ce samedi pour leur premier gros test. Ils sont confrontés à leur dauphin, Manchester United, dans leur antre, le King Power Stadium, qui a connu ces dernière années toutes les émotions.