Technicien au style de jeu bien caractérisé, Eirik Horneland fait face au premier gros défi de sa carrière d’entraîneur. Mais qui est-il vraiment ?
La Norvège, la base de sa vie
Eirik Horneland est né à Haugesund, une ville portuaire située sur la côte ouest de la Norvège. Sa passion pour le ballon rond naît assez tôt et à 18 ans, il parvient à se hisser dans le groupe senior de l’équipe de sa ville, le SK Vard Haugesund, qui évolue en troisième division norvégienne. Eirik aura, tout au long de sa carrière, fait le choix de rester chez lui. Ce défenseur d’1m85 réalise une carrière honorable sans faire de vague. Il joue tout de même, avec l’autre club de sa ville au FK Haugesund, en première division norvégienne avant de mettre un terme à sa carrière professionnelle en 2009. Dans la foulée, il passe de l’autre côté de la ligne en devenant entraîneur adjoint du FK Haugesund, à 34 ans.
Des débuts en dent de scie sur les bancs
Sa première expérience d’entraîneur adjoint prend fin en 2014 quand une opportunité s’offre à lui. Eirik Horneland prend les rênes des jeunes U18 de la sélection norvégienne puis des U19 pendant trois ans. Si les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances, cette expérience avec les jeunes joueurs lui sera bénéfique pour la suite de son parcours. Revenu au FK Haugesund, le club de sa ville, en tant qu’entraîneur principal, la première grande ligne de son CV se situe en 2019 quand il arrive à la tête de Rosenborg, club norvégien qui sort, à l’époque, de quatre titres consécutifs de champion de Norvège. Sans réussite puisque son équipe termine troisième et qu’il démissionnera de ses fonctions à la fin de la saison. En 2020, Eirik Horneland rejoint Brann en tant qu’adjoint.
L’éclosion avec Brann
Adjoint de l’équipe de Brann, en première division norvégienne, Eirik Horneland vit des heures compliquées au sein d’un groupe sportivement en difficulté. Il reprend la tête de l’équipe en cours de saison mais ne parvient pas à la sauver de la relégation, qui arrive après… une séance de tirs au but lors du barrage. Le technicien garde la confiance de ses dirigeants et réalise, en 2021, une saison absolument exceptionnelle avec Brann. Avec 81 points glanés sur 90 possibles, le club remonte en Eliteserien, première division norvégienne. Mieux, le club terminera les deux saisons suivantes à la deuxième place du championnat. Les statistiques avec le club sont très élogieuses, puisque Horneland remporte près de 63% de ses matchs. Sa démission surprise en novembre est signe qu’un nouveau projet se prépare pour l’homme de 49 ans, qui débarque à Saint-Etienne le 20 décembre 2024.
Honoré d’être à Sainté
C’est donc la première fois de sa carrière, que ce soit en tant que joueur ou d’entraîneur, qu’Eirik Horneland quitte la Norvège. Cette fois, c’est pour relever un défi de taille avec le club de l’AS Saint-Etienne. Son arrivée colle parfaitement avec le projet du propriétaire des Verts, Larry Tanenbaum, et de son président Ivan Gazidis. Sa mission, maintenir le club stéphanois en Ligue 1 et surtout imposer son style de jeu. Eirik Horneland explique sur le site du club son envie de démarrer l’aventure avec les Verts. “C’est un réel honneur de rejoindre un grand club comme l’AS Saint-Étienne, pas seulement pour son histoire et son palmarès, mais surtout pour le rôle qu’il joue dans toute une ville et la ferveur qu’il génère”. Ses premiers pas se font en douceur pendant les vacances d’hiver à l’entraînement. Le 4 janvier, à Geoffroy-Guichard, l’ASSE s’impose avec la manière face au Stade de Reims (3-1). Une première réussie pour Eirik Horneland.
Un hargneux qui vit à fond
Tous les regards étaient évidemment braqués sur le technicien norvégien pendant la rencontre face à Reims. Cette part d’inconnu et d’excitation qui traversait les supporters et observateurs des Verts s’est révélée positive. Nous avons pu voir un Eirik Horneland très actif sur son banc, à l’image des coups de pied de frustration dans le banc après le tir sur le poteau de Louis Mouton. Les Verts ont été transcendés par leur entraîneur qui n’a cessé de leur donner des consignes et de les encourager pendant toute la rencontre. Cette énergie est celle qui avait fait mouche à Brann. Celui qui souhaite apprendre progressivement la langue française a prouvé qu’il savait déjà parler à ses joueurs. Un premier rendez-vous est toujours important, il s’est bien passé, reste à savoir si la mayonnaise va prendre définitivement entre Eirik Horneland et l’AS Saint-Etienne.
FICHE D’IDENTITÉ
Eirik Horneland (49 ans)
Né le 14 mars 1975 à Haugesund (Norvège)
Carrière joueur :
1993-2006 : SK Vard Haugesund (Norvège, D2 et D3)
2006-2009 : FK Haugesund (Norvège, D2)
Carrière entraîneur :
2009-2014 : FK Haugesund (Norvège, adjoint)
2014-2016 : U18 & U19 Norvège
2016-2019 : FK Haugesund (Norvège)
2019-2020 : Rosenborg BK (Norvège)
2020-2021 : SK Brann (Norvège, adjoint)
2021-2024 : SK Brann (Norvège)
L’OEIL DE DIDIER BIGARD
Eirik Horneland ? Il fallait le trouver
En se glissant dans la salle de presse où Eirik Horneland a débriefé son premier match, Ivan Gazidis affichait un petit sourire, ni narquois ni revanchard, parce son CV l’en dispense. C’était celui d’une satisfaction légitimée par la victoire sur Reims, d’un satisfecit adressé à son staff. Lorsqu’on l’avait vu assis dans l’assistance lors de la présentation du successeur de Dall’Oglio, on s’était dit qu’il en laissait la responsabilité à Huss Fahmy et Loïc Perrin, tous deux au pupitre. Mais très vite on a compris qu’il s’agit bien d’un choix collectif dans lequel Jason Rosenfeld a pris toute sa part technico-numérique.
En début de saison, un préparateur physique, féru des datas, nous avait dit son admiration pour les compétences « bien au-delà de ce qu’on faisait » des nouveaux dirigeants du club. Une politique à laquelle le pragmatique et humaniste Dall’Oglio a moins adhéré. Il n’était pas le seul si on en juge les réserves adressées par suiveurs et supporters, circonspects devant les prestations de Lucas Stassin.
Alors voir débarquer un entraîneur norvégien venu d’une ville qu’il a fallu placer sur une carte avant d’en étudier le palmarès a ajouté au scepticisme ambiant. Ceux qui avaient étudié les datas de 80 clubs avant de choisir Saint-Étienne ont poussé encore plus loin pour dénicher leur oiseau rare. Ils voulaient un entraîneur entraînant, un technicien sûr de ses idées, du pressing qu’il prône, de sa faculté à faire progresser ses joueurs et pas seulement sur le terrain. L’intelligence artificielle a suggéré quelques réponses bien réelles. A défaut de puces calculatrices un coup d’œil sur le parcours du Brann Bergen, sa remontée de nulle part, la coupe de Norvège en 2023, son style de jeu dynamique montre que ce coach de 49 ans ne sort pas de nulle part. Il a attiré depuis des mois les regards en Belgique.
C’est un pari pour l’ASSE, risqué mais peut-être pas plus que celui fait sur les derniers techniciens étrangers passés par Geoffroy-Guichard, John Toshack et Oscar Garcia. Il y a des points communs, le changement de culture, un état d’esprit conquérant pour l’un, un soutien technologique pour l’autre. Eux étaient connus. Pas Horneland. Eux étaient plutôt réservés quand le Norvégien semble très ouvert. Eux n’ont pas brillé à Sainté… On va attendre pour la suite de la comparaison…
Dennis, fils d’Eirik Horneland : “Ce que réalise notre père est très inspirant pour mon frère et moi”
Le nouvel entraîneur de l’AS Saint-Etienne est père de deux enfants, tous les deux dans le football. Dennis, depuis la Norvège, a répondu à nos questions sur l’arrivée de son père dans le Forez.
Votre père a signé pour Saint-Etienne il y a quelques jours, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
D.H. : “Le fait que mon père ait signé dans un grand club comme Saint-Etienne signifie beaucoup pour moi, mon frère Thomas et ma mère. C’est important pour nous de voir notre père atteindre ses objectifs et avoir un parcours qui nous inspire beaucoup.”
Quel genre d’homme et de père est Eirik pour vous ?
D.H. : “Mon père est un homme sûr. C’est un grand pilier dans notre famille. Il répond toujours présent quand nous avons besoin de lui et il est toujours de bon conseil. Quelque chose qu’il a toujours bien su nous enseigner, et qu’il connaît bien lui-même, c’est de prendre soin des siens et des autres. Nous, en tant que famille, et son équipe sur le plan professionnel.”
Quel type d’entraîneur voyez-vous des yeux d’un fils ?
D.H. : “A mes yeux, mon père est un entraîneur qui a beaucoup de points communs avec ce qu’il a été en tant que père pour nous, notamment sur notre éducation quand nous étions enfants. Il exige beaucoup de ses joueurs sur des petits détails qui composent la culture qu’il veut adopter. Et cette culture implique un travail acharné.”
Comment le suivez-vous dans sa carrière et quel est votre regard sur celle-ci ?
D.H. : “Nous sommes une famille de footballeurs puisque mon frère Thomas et moi-même sommes également entraîneurs dans le football. C’est donc tout à fait logique pour nous de suivre sa carrière de très près. Ce qu’il a déjà fait est incroyablement inspirant pour nous et nous montre et prouve qu’en travaillant dur, tout est possible.”
Comment Eirik se différencie des autres entraîneurs selon vous ?
D.H. : “Je pense qu’il existe de nombreuses façons d’être un bon coach. Ce qui rend mon père unique, c’est probablement son énergie, sa présence et sa capacité de bâtir des choses positives autour de ses idées.”
Saint-Etienne est connu pour son palmarès et surtout ses supporters, pensez-vous que votre père a les clés pour réussir ici ?
D.H. : “Je suis convaincu et je crois vraiment que mon père peut réussir à Saint-Etienne. Il a les outils pour rassembler l’équipe et les supporters lors des matchs. Cette énergie ne peut être que fantastique pour le club dans le futur.”
Propos recueillis par Maxime Valade
EIRIK HORNELAND EN CHIFFRES
63
Le pourcentage de victoires pour Eirik Horneland avec le SK Brann (86 victoires en 136 matchs).
205
Le nombre de buts inscrits par Brann en championnat (en trois saisons) avec Horneland aux commandes.
4
L’ASSE est seulement le quatrième club de l’entraîneur norvégien.
62
Pourcentage de possession de balle en moyenne avec le SK Brann sur les trois dernières saisons.
1
Le nombre de trophée majeur remporté par Eirik Horneland dans sa carrière (Coupe de Norvège en 2023).
SONDAGE PARLONS SPORTS LOIRE
Eirik Horneland, le bon choix pour l’AS Saint-Etienne ?
83,4% – Oui
16,6% – Non
Sondage réalisé sur le compte Instagram de Parlons Sports Loire