Médaillés d’or dans nos cœurs
Il était prévu que nous parlions rugby cette quinzaine. Or, comme chacun d’entre nous le sait, une tragédie a eu lieu mardi. 10 personnes sont décédées à la suite d’une collision entre deux hélicoptères sur le tournage d’une émission de télévision dans la province de La Rioja en Argentine. Parmi les morts, trois grands champions qui ont honorablement marqué le sport français. Toute l’équipe de Parlons Sports présente ses sincères condoléances aux familles des victimes. Depuis mardi, c’est tout le monde du sport qui est en deuil.
C’est une douloureuse déchirure que se de se faire à l’idée que la France perd Camille Muffat (25 ans), l’une de ses plus grandes nageuse olympique, puis Florence Arthaud (57 ans) celle que l’on surnommait « la petite fiancée de l’Atlantique », et enfin son champion de boxe anglaise poids super-léger Alexis Vastine (28 ans).
Retour sur les grandes performances de ses trois grands champions de la nation et l’élégance avec laquelle ils ont fait rayonner le drapeau tricolore dans leur disciplines respectives.
Camille a 17 ans quand elle remporte sa première médaille aux championnats d’Europe à Helsinki : ce sera l’argent et le début d’un brillant parcours. La pétillante niçoise a de l’ambition, elle est travailleuse. Le travail intensif, c’est vraiment ce qui illustre les résultats de Camille. Elle s’entraîne à Nice sous les consignes de son entraîneur Fabrice Pellerin. Deux ans plus tard, elle est de nouveau présente sur le podium des championnats d’Europe en décrochant l’argent une nouvelle fois, sur le 400 mètres nage libre. Puis Camille s’ouvre aux bassins du monde entier et de la plus belle des manières devient championne du monde à Dubaï en 2010 : elle a alors 21 ans. Abonnée à la troisième place pour les mondiaux à Shanghaï, 2012 est son année : Avec son ami Yannick Agnel, les nageurs sont les stars des Jeux Olympiques de Londres. En effet, la belle remportera l’or, l’argent et le bronze. La même année, Camille explose les chronos et bat les records du monde sur 800 et 400 mètres nage libre en petit bassin. Mordue d’entraînement, la petite impressionne de plus en plus le monde de la natation… En 2014, à 24 ans seulement Camille annonce qu’elle souhaite arrêter sa carrière. Affectée par le départ de son camarade de bassin à Nice Yannick Agnel, elle avouera ne plus avoir la motivation pour continuer et assure ne pas avoir peur d’avoir des regrets.
Florence, la femme de caractère avec la détermination d’un homme, la bonne vivante ne reculant devant rien. Florence frôle la mort à 17 ans dans un accident de voiture. Le mental de la jeune femme libre est forgé. En 1990, elle s’offre la route du Rhum : c’est historique, c’est la 1ère femme à remporter l’aventure. On apprendra qu’elle avait été victime d’une fausse couche pendant la course sur le bateau. La guerrière des mers a également battu le record de l’Atlantique la même année. Florence devient une icône, elle ouvre la voix de ce sport traditionnellement réservé aux hommes à la gente féminine. Florence est une bonne vivante, elle aime la liberté, elle affirme se ressourcer en mer : elle boit, elle fume, elle dit ce qu’elle pense et aime plus que tout la camaraderie. Celle qui a tant de fois risqué sa vie dans les mers a tragiquement trouvé la mort dans les airs mardi.
Alexis voulait sa revanche. Il n’avait qu’une ville et qu’un nombre en tête : Rio 2016. Ses déceptions olympiques avaient marqué la France. La seconde désillusion à Londres en 2012 faite de larmes alors qu’il était encore sur le ring avait traversé la Manche. Alexis, garçon sympathique, proche de ses fans considéré aujourd’hui comme le boxeur maudit. Il entre dans l’armée en 2008, témoignage d’un jeune homme droit et honnête qui signera des titres de champions du monde militaire en 2008, 2010, 2011, 2014. En 2008, il est demi-finaliste des Jeux Olympiques à Pékin : la décision des juges est extrêmement discutable. Alexis ne se décourage pas, il veut sa médaille. En 2012 et à charge de revanche, son parcours en -69 kg se termine en quarts de final face à l’ukrainien Taras Shelestiuk. Alexis laisse éclaté sas rage. Il s’effondre sur le ring. Son adversaire ne croit pas à sa propre victoire. La clameur du public anglais traduit un soutien pour le français. Il n’accepte pas d’être volé une seconde fois. La France ne « pèse » pas dans les coulisses et la boxe olympique est gangrenée par le poids financier des pays de l’est. C’est ce qu’affirme « un très haut dirigeant de la Fédération mondiale ». Alexis songe à arrêter sa carrière, il entre dans un dépression. Néanmoins, sa hargne, son combat, sa volonté de se faire justice le pousse à remonter sur le ring. Il n’a alors qu’un objectif : Rio 2016. Aujourd’hui, le combat d’Alexis doit continuer. La boxe est un sport magnifique et qui mérite un respect immense, il ne peut être gouverné par une mafia.
Muffat, Arthaud, Vastine : vos noms ne cesseront jamais de sublimer le sport. Nos fils boxeurs devront savoir qui tu étais et quelle détermination font les hommes comme toi, Alexis. Nos filles nageuses devront prendre exemple sur le travail qu’il faut fournir pour qu’à 24 ans on puisse avoir bâti un palmarès comme le tien, Camille. Nos enfants navigateurs devront apprendre de ton courage pour défier les océans comme tu l’as fait, Florence.
Adieu les champions, la mémoire nationale vous rendra aussi éternelle que vos parcours…
Yannis Guillermin