Crédit photo : Laurent Peigue
Article à retrouver dans Parlons Sports Magazine du mois de février (cliquez)
C’est un mal qui en fait beaucoup chez les petits clubs. La colle utilisée sur les ballons de handball fait aujourd’hui débat. Pour cause, certaines municipalités refusent cette pratique ce qui entraîne un manque de compétitivité des clubs.
Depuis le milieu des années 80, bon nombre de handballeurs s’adonnent à une petite modification dans le jeu. En effet, si le grand public ne s’en rend pas forcément compte, ce sport se pratique aujourd’hui en haut niveau avec un couche de résine sur le ballon. Celle-ci permet d’augmenter les performances, en rendant notamment le tir plus précis et plus fort. Si cette pratique présente de nombreux avantages, il y a également des inconvénients qui font bondir les municipalités. Le cas le plus pertinent dans le département se trouve dans le Roannais.
Un abus des joueurs
En 2016, les mairies de Roanne et de Riorges donnent naissance au Gymnase Boulevard Belgique. Une enceinte flambant neuve, moderne et équipée à souhait. A l’intérieur, on peut assister pendant les week-end à des rencontres du Roanne-Riorges Handball (niveau régional). Mais dans cette salle, la colle y est formellement interdite. « Quand les matchs se jouaient à Fontalon, il y avait de la résine sur le ballon. Les joueurs en ont abusé, il y avait des traces sur les murs et sur le terrain » explique Franck Patissier, Directeur des Sports à la ville de Roanne. Un arrêté municipal est d’ailleurs en vigueur depuis trois ans. Le problème, c’est que la colle change pratiquement tout du sport sur le terrain. Les joueurs ayant une meilleure tenue du ballon, ceux-ci nous ont assuré que cela augmentait les performances, tant défensivement qu’offensivement. Alors quand le 2RH reçoit à Boulevard-Belgique, les adversaires ont l’obligation de s’adapter. Mais quand le club roannais se déplace à l’extérieur, tout est beaucoup plus compliqué contre des équipes qui ont quasiment toutes adopté la colle. « Cette interdiction provoque de nombreuses discutions, c’est normal. Mais ce gymnase est multi-activités, de nombreux scolaires et associations viennent y faire du sport. Ce n’est pas une salle dédiée au handball, nous devons satisfaire tout le monde » conclu Franck Patissier.
Sans colle, « ce n’est plus le même sport »
La colle reste un sujet sensible dans le Roannais. Jean-Pierre Defour, président du Comité de la Loire de Handball se range du côté des clubs. « Il y a très peu d’équipes qui n’utilisent pas la colle. Sans elle, il n’y a pas de procédé qui soit pleinement satisfaisant. Ce n’est plus le même sport ». La Fédération Française de Handball a pourtant essayé de trouver des alternatives, sans succès. Les colles lavables à l’eau ne réussissent pas à remplacer la résine traditionnelle. Il y a peu, lors d’une réunion fédérale, le sélectionneur de l’Equipe de France féminine de handball préconisait « d’arrêter les conneries » à propos de la colle. Une lutte acharnée est doucement entrain de s’installer entre les clubs et les instances locales. « Nous sommes dans un système où l’on tourne en rond, c’est pratiquement sans issue… » regrette Jean-Pierre Defour. Pourtant, du côté des clubs, on admet que ces interdictions ont pu être provoquées par le manque de savoir-être de certains joueurs. Il n’y a pas qu’à Roanne que la colle est interdite.
A haut niveau, résine obligatoire
Dans la Loire, La Ricamarie, Boën et Montbrison ont totalement banni cette pratique. Dans d’autres salles, l’utilisation de la résine est partiellement interdite. C’est le cas à Saint-Etienne où les gymnases qui accueillent les clubs de haut niveau ont posé leurs conditions. Pour le club du Handball Saint-Etienne Métropole 42, la colle est autorisée seulement pour l’équipe NF1. « Pour nous c’est indispensable, à partir d’un certain niveau c’est sans équivoque » explique le coach, Ionut Rusut. Le Gymnase Jean Gachet de Saint-Etienne autorise donc l’utilisation de la résine, mais contrôlée. « On nous demande d’en mettre le moins possible, le handball s’est développé à un point où il est impossible de jouer sans ». Si certains souhaiteraient voir de la colle jusqu’aux matchs de jeunes, d’autres pensent que l’utilisation doit être limitée. La FFHB, avec un règlement qui autorise la pratique avec et sans résine, a donné le feu vert à tous les points de vues. Ce qui provoque un imbroglio qui met dans l’embarras les clubs, même dans la Loire, en ne permettant pas une égalité des chances sur le terrain. Résultat, nous assistons aujourd’hui à un hand à deux vitesses.
La colle « lavable » à l’eau ne satisfait pas son monde
Des alternatives ont vu le jour pour répondre à la problématique de la résine dans le handball. Des ballons qui accrochent ont été commercialisés, sans rencontrer un réel succès. Des potes de résine lavable à l’eau sont de plus en plus utilisées, mais critiquées également. En cause, la perte de contrôle au fur et à mesure de la rencontre, notamment à cause de l’effort physique qui provoque une transpiration qui fait disparaître la colle du ballon. |