Photos du dossier : Chorale de Roanne
Après avoir beaucoup voyagé dans sa carrière, Johnny Berhanemeskel a posé ses valises cet été à Roanne. De sa carrière en Europe à ses attaches canadiennes, l’arrière de la Chorale se livre pour Parlons Sports Loire.
Johnny, comment la passion du sport est arrivée chez vous ?
J.B. : “Quand j’étais petit, je pratiquais absolument tous les sports. Les activités qu’on me proposait à l’école me plaisaient. Quand j’ai eu 15 ans, j’ai compris que c’était au basket que je voulais faire carrière. J’ai tout fait pour devenir professionnel.”
Pourtant, c’est le hockey qui prime au Canada…
J.B. : “Effectivement, c’est sans doute le sport numéro 1 chez nous. Mais beaucoup de personnes pratiquent le basketball. Il se développe de plus en plus au Canada. Ce n’est pas anodin si le pays est le deuxième vivier de joueurs NBA actuellement.”
On connaît de vous une admiration pour Michael Jordan, expliquez-nous ?
J.B. : “Je pense que quel que soit le sport, tout le monde veut être le meilleur. Jordan est un gagnant, il a travaillé dur pour devenir ce qu’il est devenu. Il est la raison, je pense, pour laquelle beaucoup d’entre nous ont fait du basket. C’est important de nous inspirer de ce gars qui a atteint la grandeur. Vous regardez des vidéos de lui, vous essayez de comprendre son jeu et donc vous apprenez.”
Vous avez 29 ans et votre carrière vous a fait beaucoup voyager. Qu’est-ce que cela vous a apporté humainement ?
J.B. : “Je pense que c’est important de découvrir d’autres cultures. Quand je suis parti de pays en pays, j’ai essayé de m’adapter au maximum. Je pense que c’est primordial quand tu sais que c’est ta maison pour au moins 10 mois dans l’année. Parfois, c’est difficile mais il ne faut pas lâcher. C’est compliqué de vivre loin de sa famille et de ses proches. Je ne cesse d’apprendre au quotidien. Que ce soit en Espagne, ou en Estonie, à chaque fois j’ai eu devant moi des cultures différentes. Cela permet d’avancer et de grandir en tant que personne.”
Vous arrivez en France en 2019, à Boulazac, pourquoi avoir choisi de venir dans notre pays ?
J.B. : “A l’époque, c’était tout simplement une bonne opportunité pour moi. Après mon arrivée en France, j’ai rapidement aimé ce pays. Mon français n’est pas très bon mais c’est agréable d’entendre parler les gens et d’apprendre. Je sentais, après mon retour au Canada, que j’allais vite revenir ici.”
Cette saison, vous jouez sous les couleurs de la Chorale de Roanne. Pourquoi ce choix ?
J.B. : “Comme je l’ai dit précédemment, je voulais revenir en France. Le coach, Jean-Denys, m’a contacté très tôt cet été. Quand il m’a dit qu’il croyait en moi, je n’ai pas hésité. Quand on reçoit ce soutien de la part d’un coach, ça motive à tout donner pour lui.”
Comment percevez-vous votre vie de basketteur au quotidien avec du recul ?
J.B. : “Je pense qu’on peut toujours s’améliorer. Il faut juste travailler tous les jours. Quand on perd un match, on se sent mal. Mais chaque match est une expérience à prendre de manière positive. Vous savez, après une défaite, ce qu’il faut ne plus faire pour que cela ne se reproduise pas. Je pense que l’expérience est le meilleur professeur dans le basketball.”
Qu’attendez-vous de votre saison à Roanne ?
J.B. : “Je pense que nous pouvons surprendre des gens cette saison. Quand on voit le soutien que l’on a eu lors du premier match (contre Monaco), on sait que toute la ville est derrière nous. C’est pour ça que l’on veut aussi montrer aux supporters que nous sommes avec eux et que nous voulons nous battre pour la Chorale cette saison.”
Quel type de joueur êtes-vous ?
J.B. : “Je pense que je suis quelqu’un de différent par rapport à ce que j’ai pu être auparavant. A l’université, j’ai toujours été connu pour être un scoreur. Au fur et à mesure des années, ma connaissance du jeu s’améliore. J’ai connu le basket dans différents pays. J’espère être maintenant un joueur complet. Chaque match est différent, on peut être bien dans une rencontre et prendre le leadership quand il le faut. Je veux montrer que je suis un gagnant tout simplement.”
Cette période de COVID a bouleversé la terre entière. Comment l’avez-vous vécue ?
J.B. : “Je pense que c’est une époque très effrayante. J’étais à Boulazac en 2020 au moment de l’arrêt de la saison. Tout s’est stoppé, au Canada ils ont tout fermé. Je ne vois pas souvent ma famille et ma copine à cause de ma carrière de basketteur. Moi, j’ai besoin d’être heureux avec eux et nous avons arrêté de vivre normalement suite à la pandémie. C’était une période très compliquée.”
Vous portez le numéro 8, pour quelle raison ?
J.B. : “Il y a deux raisons à cela. La première, comme mes proches le savent, j’adorais Kobe Bryant. Il portait ce numéro et je voulais en faire de même. La deuxième, c’est quand j’étais un jeune joueur à l’université. Il y avait le numéro 8 de disponible à l’époque et j’ai accepté de le prendre. C’est le destin. Dans ma carrière, quand j’ai eu l’occasion de le prendre je l’ai toujours fait.
Vous avez joué pour la sélection nationale du Canada, c’est un sentiment spécial de revêtir ce maillot ?
J.B. : “C’est quelque chose de très particulier pour moi. Je suis né en Erythrée, mon sang vient de là-bas. J’aurais pu jouer avec l’équipe nationale mais il n’y en a pas. Mes parents sont arrivés au Canada il y a 30 ans pour nous donner, à mon frère, à mes sœurs et moi-même une vie différente. Nous sommes très reconnaissant de ce que ce pays a pu faire pour nous. Alors quand j’ai reçu la convocation, c’était comme dans un rêve. L’année dernière, nous sommes allés jouer à Porto Rico pendant la période de COVID. Mettre le maillot du Canada provoque chez moi un sentiment spécial.”
C’est votre troisième expérience en France, et on a cru comprendre que vous aviez un gros penchant pour la bonne nourriture. Ici, vous êtes gâté ?
J.B. : (Rires) “Oui, c’est vrai. A chaque fois, les Canadiens me demandent si c’est bien vrai qu’on mange bien en France. C’est complètement vrai ! J’adore manger, même si je dois faire attention par rapport au basket.”
Qu’est-ce que vous préférez ?
J.B. : “Je dois avouer que j’adore manger du canard. Et puis, tout ce qui se trouve dans les boulangeries avec évidemment un penchant pour le pain au chocolat… (Rires).”
Quels sont vos buts à atteindre sur la fin de votre carrière ?
J.B. : “Je veux tout simplement continuer à m’améliorer. C’est ma personnalité, je n’aime pas trop penser les choses à l’avance. Il faut toujours se préparer pour être meilleur après chaque match. Alors oui, j’aimerai un jour gagner un championnat. Avant cela, il faut aider l’équipe à être la meilleure possible.”
Pendant votre carrière, vous êtes resté un an maximum dans chaque club, pourquoi ?
J.B. : “Il y a forcément des opportunités qui font que j’ai changé souvent de club. Quand j’étais plus jeune, j’essayais toujours de gravir les marches les unes après les autres. Depuis quelques années, je peux jouer en première division française et j’en suis très heureux. Si je juge que rester dans un club une année de plus est la bonne décision, je le ferai. Je ne me fixe pas de limite. Je joue au basket et je suis très content de la vie que je mène actuellement.”
Comment voyez-vous votre après-carrière ?
J.B. : “Je voudrais aider les jeunes. La possibilité d’entraîner peut s’offrir à moi, on ne sait pas. Mon rêve serait d’avoir une salle de sport pour pouvoir aider les enfants à progresser. Je pense que cette expérience que je suis en train d’acquérir en Europe est une bénédiction. Si je peux la partager avec des jeunes de chez moi, ce serait génial. Pour moi, la vie consiste à partager les choses, à aider les autres pour qu’ils atteignent leurs objectifs. Je suis comme ça et je le resterai après ma carrière.”