Après avoir fait toutes ses gammes à Roanne du côté de son club formateur de l’ASR, Lili-Rose Berthelot a franchi un vrai cap en remportant deux médailles d’or aux Championnats de France Élites.
Lili-Rose, avant de parler de vos dernières performances, revenons à la base. Comment la natation a démarré pour vous ?
L-R. B. : “Ce sont mes parents qui m’ont inscrite dès la naissance au baby-nageur à Roanne. J’ai suivi ensuite des cours de perfectionnement jusqu’à intégrer l’AS Roanne Natation et démarrer les compétitions en 2011. Avant, j’ai fait pendant sept ans de l’équitation et du tennis pendant un an mais j’ai tout de suite accroché avec la natation.”
Vous n’avez que 20 ans mais vous avez déjà un parcours impressionnant, est-ce que vous êtes toujours passionnée par la natation ?
L-R. B. : “C’est vrai que tout s’est enchaîné vite pour moi. Je n’avais que 14 ans quand je me suis qualifiée pour mes premiers Championnats de France Élites. Quand j’ai démarré la natation, ce qui m’a plu, c’était d’être entourée par des entraîneurs qui se donnaient à fond. Le groupe de nageurs que nous étions était top aussi. C’est un sport que j’adore, honnêtement, je suis passionnée. Il y a aussi le facteur performance, forcément et le facteur travail. Je ne serai jamais nageuse professionnelle, ça n’existe pas, mais pourtant je m’entraîne quasiment 30 à 35 heures par semaine, ce qui est l’équivalent d’un job. Donc quoi qu’il arrive, on doit être animé par la passion pour continuer.”
Quel a été le déclic pour vous faire passer dans le monde du haut niveau ?
L-R. B. : “Je pense qu’en 2019, il y a eu un pic de progression qui m’a moi-même impressionnée (rires). J’ai gagné quelques secondes en quelques mois sur le 100 mètres papillon notamment, ce qui est énorme en natation. Et puis on a travaillé et on a trouvé ma bonne façon de nager pour pouvoir performer.”
Le fait étonnant, c’est qu’on vous retrouve encore à Roanne alors que la logique voudrait vous voir intégrer une plus grosse structure ?
L-R. B. : “Je suis restée à Roanne parce que j’ai toujours progressé ici. J’ai pu avoir quelques aménagements avec l’école, et des créneaux supplémentaires où la ville a joué le jeu. L’année dernière, c’était un peu plus galère mais cette année le bassin nordique reste ouvert l’hiver et c’est mieux pour nous. Rien ne me poussait vraiment à partir d’ici. Il faut savoir que c’est le président même de notre ligue, Jean-Luc Manaudou, père de Laure et Florent, qui est venu en personne négocier mes horaires aménagés au lycée. Pour lui, il faut que les sportifs restent le plus longtemps possible dans leur club formateur. Après, avec les études supérieures, ce n’est pas toujours facile.”
Votre entourage aussi est présent sur Roanne, est-ce que c’est un plus dans la balance qui vous pousse à rester ?
L-R. B. : “Je suis très famille, c’est certain. Tout le monde est ici. Mais je devrais certainement un jour partir de Roanne. Ce n’est pas forcément à cause de la structure mais parce que dans la vie d’un nageur, il faut du renouveau et du renouvellement. C’est le cas notamment pour les entraîneurs. On reste avec le même 3 ou 4 ans, le temps d’une Olympiade, pas plus. Ce n’est pas mon cas cette année, je suis avec Florent pour la sixième saison de suite.”
Ces deux médailles d’or aux élites, qu’est-ce qu’elles vont vous apporter à l’avenir ?
L-R. B. : “Je ne sais pas encore. Je pense déjà un peu de notoriété dans le milieu de la natation. On te regarde un peu différemment quand tu commences à gagner. Plusieurs entraîneurs sont venus me féliciter après les courses. Et puis plus de visibilité forcément parce que je pense que maintenant, les observateurs parviennent à identifier ce que j’ai pu faire. Enfin côté partenaires, il faut voir ce que ces médailles pourront m’apporter à l’avenir.”
On a vu deux courses bien différentes, avec le 100 mètres gagné en fin de course et un 200 mètres maîtrisé du début à la fin, quelles étaient vos stratégies sur ce week-end ?
L-R. B. : “En natation, on dit souvent qu’il faut rester fixé sur soi-même et pas sur les autres. Sur le 200 mètres papillon, si j’avais suivi cette logique, je pense que je n’aurais pas gagné. Si j’étais restée au contact des autres filles, notamment des favorites, je me serais faite manger en fin de course. On a déterminé qu’il fallait que je tue la course avant l’arrivée et que je parte à fond. Cela m’a réussi. Il y a moins de stratégie sur une distance comme le 100 mètres. Je n’ai pas fait de grosses préparations pour ces Championnats de France, je récupère ces deux titres sans faire mes meilleurs temps, c’est positif pour la suite.”
On imagine la fierté de vos proches après ces deux titres ?
L-R. B. : “Ils ont tous pleuré je crois (sourire). Ma mère m’a accompagnée sur place. Il y avait aussi des nageurs avec qui je m’entraîne quand je suis en cours sur Clermont. Tout était parfait.”
La saison ne fait que démarrer, quels sont vos futurs objectifs ?
L-R. B. : “En décembre, je vais faire une compétition à Romans-sur-Isère où l’objectif sera de me rapprocher des temps de qualifications pour les Mondiaux. Même s’il sera certainement trop tard pour les accrocher, je veux m’en rapprocher pour préparer au mieux la suite.”
Vous avez manqué la qualification pour Paris 2024 en juin, comment avez-vous digéré cet épisode, même si vous n’étiez pas favorite ?
L-R. B. : “L’année dernière, dans un contexte différent, je pense que j’aurais pu jouer la deuxième place. J’ai eu quelques soucis pendant l’année et sur le plot de cette course qualificative aux Jeux Olympiques, je savais que ce serait très compliqué. Je ne suis pas très loin et je suis encore jeune, j’ai préféré me concentrer sur l’avenir.”
Vous pensez à 2028 ?
L-R. B. : “L’objectif de base, c’est les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. J’ai été sélectionnée dans le Collectif Relève Paris 2024 qui visait à préparer les JO de Paris mais aussi de Los Angeles.”
Le tout, en poursuivant vos études ?
L-R. B. : “Oui, tout à fait, je suis en deuxième année de Licence APAS Sport Adapté. J’ai toujours voulu travailler dans le milieu médical. Mais c’était impossible avec les entraînements de démarrer des études dedans. C’est une alternative pour moi qui me permet d’allier le sport et la médecine.”