Après une saison complète qui a vu le club terminer à la cinquième place de la saison régulière et se faire éliminer en quart de finale de playoffs, le CHR veut poursuivre sa progression. Romain Bonnefond, manager général du club, se confie sur l’évolution des Renards.
Cette saison de D2 s’est terminée par une élimination en quart de finale, que retenez-vous de cet exercice ?
R.B. : “Je veux retenir que les objectifs fixés, c’est-à-dire une bonne place en saison régulière puis la montée, ont été à la hauteur des attentes. Nous avions une belle dynamique sur notre projet avant le COVID et nous avons été stoppés. La montée est et restera toujours l’objectif. Il y a eu une reconstruction de l’effectif avec beaucoup de départs importants au sein du groupe. Ce fut une année un peu plus compliquée d’un point de vue gestion du groupe. Nous n’avions pas mesuré l’impact que pourrait avoir une reconstruction de l’équipe.”
Sportivement, qu’est-ce que vous avez pu observer ?
R.B. : “Je ne pense pas qu’on ait fait de mauvais choix sur l’effectif. On a monté une équipe, depuis plusieurs années, qui a sa place en Division 2. On a passé ce cap et avant le COVID nous étions à 100% de nos capacités pour monter, c’était le bon moment. Pour une reconstruction cette saison, on termine à la cinquième place du classement en saison régulière, ce qui est une première dans l’histoire du club. On échoue à trois points de la deuxième place qui nous aurait, je pense, fait vivre des playoffs totalement différents de ceux qu’on a vécu.”
Ce sont quand même 50% de l’effectif qui avait été changé en 2021, qu’en sera-t-il la saison prochaine ?
R.B. “C’est vrai que l’on a eu beaucoup de recrues cette saison. Il y a eu, je pense, des choix malins de notre part, d’autres qui nous ont surpris et apporté beaucoup plus que nous le pensions. Et puis, il y a eu des erreurs de casting, très clairement. La saison prochaine, nous allons conserver environ 15 joueurs sur un groupe de 22 souhaité. On a ciblé les joueurs que l’on voulait voir rester et on les a fait signer sur une durée de 3 ans, c’est une première dans l’histoire du club également.”
Pourquoi faire signer des joueurs sur trois années ?
R.B. : “La raison principale, c’est pour amener de la stabilité au projet. Il y a une confiance que l’on apporte au joueur qui s’engage et ça lui montre que l’on souhaite aller au plus haut niveau avec lui. Que ce soit en D2 ou en D1, on travaillera main dans la main. C’est aussi pour montrer à ceux qui viendront se greffer au groupe qu’il faudra avoir un impact immédiat dans le jeu et qu’ils s’impliquent vraiment pour espérer rester.”
Quels joueurs sont ciblés par ce projet de signature sur trois ans ?
R.B. : “Ce sont principalement les jeunes joueurs. Cette saison, nous avions un effectif très jeune dont la moyenne d’âge était de 23 ans. Malgré tout, on a fait de bons résultats. Et puis, un joueur qui a aujourd’hui 21 ans n’est pas le même joueur quand il en a 24.”
Le partenariat privé a été très largement développé et l’intérêt autour des Renards augmente progressivement. Comment jugez-vous cela ?
R.B. : “Je pense qu’on a la chance d’être sur un marché qui n’existe pas dans la Loire. Il n’y a pas de patinoire partout comme ça peut l’être ailleurs dans la région. Notre club existe depuis plus de 40 ans et le seul frein à notre développement, c’est l’infrastructure. Je prends l’exemple du club d’Angers, qui a végété pendant 10 ans dans une salle de 1200 places. Depuis deux ans, il y a une nouvelle patinoire qui attire 4000 personnes à chaque match. Est-ce que le club a changé pour autant ? Je ne pense pas. Les gens aiment la nouveauté. Quand on fait déplacer un spectateur une fois pour venir voir du hockey, en général, il ressort content. Il se dit qu’il a passé une super soirée, même s’il n’a pas forcément tout compris (rires). Nous ne proposons pas que du hockey au public mais tout un spectacle autour. Mais on reste limité par l’infrastructure. C’est ce qui freine actuellement notre développement.”
Une nouvelle patinoire pourrait-elle tout changer pour le Roanne Hockey ?
R.B. : “Dans un monde idéal, je vous dirais qu’il nous faudrait effectivement une nouvelle patinoire. Cela passe par des discussions qui ont été entamées. Notre patinoire est vieillissante même si elle est très bien entretenue. Ce bâtiment est vieux et énergivore et tout le monde en est conscient. Pour passer un cap et permettre au hockey de se développer, ce sera nécessaire. On ne parle pas de quelque chose dans l’immédiat, ça peut prendre plus de 10 ans. Il faut mettre ça de côté et regarder ce qu’on peut continuer à développer à l’instant présent en attendant un potentiel projet.”
L’identité “Renards” est quelque chose sur lequel vous jouez beaucoup, en quoi est-ce important dans le développement du club ?
R.B. : “C’est quelque chose qui vient du sport américain, on a rien inventé. Dans le hockey, on associe son nom à une image et c’est un vecteur de communication. Le nom, le logo et l’image que va véhiculer le club pendant des années est très important. On le voit au foot où de plus en plus de clubs modernisent leurs logos. Le nôtre a été très bien conçu, à l’IUT de Roanne, et il est intemporel. On accorde beaucoup d’importance à l’image que peut renvoyer le CHR.”
Le Roanne Hockey a été l’un des précurseurs en terme de communication sur les réseaux sociaux. A quel moment le club s’est rendu compte de l’importance d’internet ?
R.B. : “Avant que j’arrive, on s’en rendait un peu compte déjà. Je pense qu’à partir du moment où le CHR a décidé d’investir dans une personne qui ne fait que ça, on a passé le cap. Même si on est arrivé un peu tard par rapport aux grosses structures. Tu peux être le meilleur dans ce que tu fais, si on ne parle pas de toi, tu restes le meilleur dans ton coin. Si nous étions restés “coincés” dans nos acquis, on aurait pas connu le développement que l’on a aujourd’hui. Maintenant, ce n’est plus seulement de communiquer sur un match, c’est développer toute une communauté en parlant des Renards quotidiennement et du hockey en général. On a investi pour cela alors qu’on aurait pu utiliser cette enveloppe pour autre chose.”
Après huit ans passés à Roanne, est-ce que votre motivation à développer le club est restée intacte chez vous ?
R.B. : “On ne va pas se mentir, il y a des hauts et des bas. Quand on bâtit un château de carte, qu’on y passe du temps, et que quelque chose d’extérieur, à savoir le COVID, met un coup de pied dedans, ça fait mal. Et cela a été valable pour plein de milieux différents, pas seulement chez nous. Dès lors, soit tu baisses les bras, soit tu te relèves. Aujourd’hui, quand je vois le nombre de partenaires que le CHR a, les supporters qui viennent nombreux, les joueurs qui veulent venir jouer à Roanne, je me dis que tous les voyants sont au vert. Tout n’est pas beau, certes, et il reste des axes à développer, mais tout est fait pour que l’avenir du club soit ensoleillé.”
Quelle place occupe le hockey mineur dans le développement souhaité du club ?
R.B. : “C’est un dossier prioritaire, autant que la montée de l’équipe en D1. Le développement des jeunes est au cœur de notre projet sportif. Il faut qu’à long terme nous ayons des équipes jeunes compétitives. On veut développer une mentalité et on peut avoir les outils pour le faire. Cela passera certainement par quelqu’un qui sera dédié à cette tâche.”
Qu’est-ce qui, outre la nouvelle patinoire, peut faire basculer le club du bon côté ?
R.B. : “Peut-être que l’on manque un peu d’essence dans le moteur. Et l’essence, c’est l’argent. Le club est géré en bon père de famille, il n’a jamais déposé le bilan depuis 45 ans. Il y a une stabilité financière qui est saine. Nous allons continuer à développer la partie commerciale pour proposer de nouvelles expériences à nos partenaires. Aujourd’hui, je suis convaincu qu’on va vers de belles choses.”
Une montée en D1 pourrait tout changer ?
R.B. : “Si on regarde d’un point de vue sportif, oui. Financièrement, je ne suis pas sûr. Nous avons actuellement des produits que l’on valorise au maximum. Nous avons 700 places que nous remplissons régulièrement. Pour grandir, il faudra que ça passe par les infrastructures. En France, on est en réaction plutôt qu’être en anticipation. Mon souhait, un peu à l’image d’Angers que je citais en exemple précédemment, c’est de pouvoir un jouer se débrouiller presque par nous-mêmes. Alors oui, on a besoin de l’argent public, mais les clubs à l’avenir devront être moins dépendants pour ne pas mourir. Il faut qu’on anticipe ce virage.”
Où souhaitez-vous emmener le CHR à terme ?
R.B. : “Je suis quelqu’un qui a de l’ambition. Tant qu’on ne me met pas une claque et qu’on ne me dit pas non. L’objectif à court terme, c’est d’aller en D1. Mais à quel prix ? Certains préféreront rester en D2 pour gagner des matchs et avoir du public. Je pense que si on veut développer le club, il faut savoir se mettre en difficulté. Après, il faudra stabiliser le club en D1 comme on l’a fait en D2. Et puis devenir un club incontournable en D1. Ensuite, pourquoi pas préparer le club peut-être à la Ligue Magnus, qui sait. On n’en est pas encore là, mais il faut y penser.”
Le CHR peut ambitionner sur le long terme d’aller en Ligue Magnus ?
R.B. : “Je pense que oui. Roanne est une ville qui peut avoir un club en Ligue Magnus. C’est un sport mineur, certes, mais qui ici peut avoir le haut niveau et même connaître un jour l’Europe.”