Champion du monde de freefly, le Stéphanois Grégory Crozier va tenter cette année de battre le record de France, mais aussi du monde de la discipline. L’occasion de revenir sur la carrière de celui qui a volé dans plus d’une trentaine de pays.
En 30 compétitions, vous finissez à chaque fois sur le podium dont 16 à la première place. Avec du recul, comment percevez-vous votre carrière ?
G.C. : Je vais dire quelque chose que tous les compétiteurs sont capables de dire : « On aurait pu mieux faire. » Au début, on a eu des problèmes avec la fédération de parachutisme, ce qui nous a empêchés d’atteindre le haut niveau pendant plusieurs années. Donc on a perdu du temps et on aurait pu avoir un palmarès plus fort. Les 16 médailles d’or, ça aurait pu être 25 ! On ne se plaint pas, parce que finalement, ça a été un honneur de gagner puisqu’on s’est fait tout seul. Les victoires étaient d’autant plus belles.
Vous avez fait 30 podiums en compétition et plus de 8 000 sauts à plusieurs milliers de mètres d’altitude. Comment faites-vous pour garder les pieds sur terre ?
G.C. : (Rires). C’est vrai qu’on passe beaucoup de temps en l’air. Je pourrais m’amuser à calculer. Avec le temps de vol dans les avions et en soufflerie, c’est vrai qu’on est souvent en l’air. On est toujours sur notre nuage. Donc c’est difficile de garder les pieds sur terre (rires).
Votre père était dans le milieu de l’aéronautique. Cela vous a-t-il aidé à en arriver là ?
G.C. : Je pense que c’était une aide, mais il ne me poussait pas. J’ai commencé le parachutisme à 16 ans et la montgolfière à 15. Je faisais déjà de l’aéronautique et ça, c’est forcément grâce à lui. Il me laissait venir mais ne m’encourageait pas. Par contre, j’ai grandi en regardant des films d’action avec des scènes de chute libre. Cela m’a fait pousser la graine du parachutisme.
Les entraînements doivent être éprouvants pour le corps. Quels sont les moyens mis en place pour récupérer ?
G.C. : Quand on était à mi-temps, on pouvait faire de la course à pied et du renforcement musculaire pendant les pauses. Mais petit à petit on est passé à plein temps. Quand on n’était plus en compétition, on donnait des cours en soufflerie. Ce changement d’agenda a fait qu’on s’est mis à ne plus vraiment avoir de pause. On est toujours en train de voler.
La technologie a beaucoup évolué ces dernières années. Voyez-vous une différence dans vos entraînements par rapport à l’époque où vous avez débuté ?
G.C. : Oui, il y a eu une amélioration vraiment hallucinante. En 2010, il y avait une soufflerie à Paris et une à Manchester. C’étaient les deux seules. Et encore, on était contents qu’il y ait ça parce que sinon, on devait aller en Arizona ! Maintenant il y en a dans toutes les grandes villes. Le matériel de vol aussi, il est moins lourd.
Quelles sont les prochaines échéances pour vous ?
G.C. : On a un tournage avec Mélanie Astles, championne de France d’acro en avion. On va faire une collaboration. Aujourd’hui, on est tellement connectés entre ceux qui volent, qu’on commence à faire ce genre de collaboration. Ensuite, on part en Namibie. Après on va au Sénégal puis aux Seychelles. Sinon, en échéances purement sportives, on va essayer de battre le record de France, du 24 au 28 mai. Il est de 48 personnes. On va essayer de sauter à 60. Fin août, ce sera le record du monde à Chicago. Le gros rendez-vous. Lui, il était de 164 personnes, mais on va tenter de faire 200. On avait échoué en 2018. On veut vraiment ce nouveau record.