Jules Bianchi 3 août 1989 – 18 juillet 2015
Jules Bianchi est décédé dans la nuit des suites du coma dans lequel il était plongé depuis son accident au Grand Prix du Japon. C’était le 5 octobre 2014.
Voici les faits tels qu’ils se sont déroulé.
Le Grand Prix a eu lieu dans des conditions difficiles à cause d’un typhon qui passait au large des côtes japonaises. La pluie et le manque de visibilité ont rendu cette course plus difficile qu’à l’accoutumée. L’adhérence est mauvaise. Au 41e tour, Adrian Sutil, un pilote Allemand de chez Sauber perd le contrôle de sa monoplace et sort de la piste. La décision est prise d’évacuer la voiture de l’Allemand à l’aide d’une grue. Jules Bianchi perd a son tour le contrôle de sa voiture un tour plus tard dans le même virage. L’engin de levage est encore présent sur la zone de la sortie de piste au septième virage. Le Français ne peut éviter la grue et vient la heurter violemment. Les drapeaux jaunes étaient déployés mais suite à ce choc, la course est interrompue.
Le parcours d’un jeune prodige
Selon les dires de ses proches, Jules avait la course dans le sang. Sa passion pour les sports automobiles se sont révélés dès sa plus tendre enfance. Philippe, son père raconte comment Jules faisait des 360° avec sa première voiturette dans la maison familiale. Ce goût pour la course l’a emmené très loin et très vite.
Il commence sa carrière en karting sur la piste gérée par son père à Brignoles dans le Var. Il enchaine les victoires. Ces résultats vont l’amener en Formule Renault en 2007. Il rejoint Alain Prost en tant que champion de France de la catégorie dès sa première saison. La fulgurante ascension du jeune pilote niçois est spectaculaire. Il enchaine les catégories. Formule 3 Euro Série, Formule 3 britannique et GP2, l’antichambre de la Formule 1. Il y passe deux saisons. Il ne termine néanmoins que troisième dans ses deux saisons. En parallèle, Jules Bianchi court en GP2 Asia Series ou il se classe douzième et second. Au cours de l’année 2012, il s’engage en Formule Renault 3.5. Il se classe second au sein de l’équipe Tech 1 Racing. Tous ces résultats obtenus en un lap de temps très court lui permettent de taper dans l’oeil des responsables de la Ferrari Driver Academy qu’il intègre en 2009. Il est alors pilote d’essais. C’est un privilège rare qui lui permet d’accéder à la Formule 1. La Scuderia Ferrari le place comme pilote de réserve de l’écurie Force India. Il parcours de nombreux kilomètres lors de différentes séances d’essais privés.
C’est en 2013 que sa carrière bascule. En mars, à la veille du lancement de la saison, une place se libère dans l’écurie Russe Marussia. Luiz Razia, un Brésilien qui devait piloter la monoplace est écarté faute de budgets. La monoplace n’est pas compétitive. Elle se classe régulièrement dernière. Le premier fait d’arme de Jules Bianchi intervient dans ce même mois de mars. Lors du Grand Prix de Malaisie il parvient à se classer 13e. Pour déterminer le classement final des écuries qui n’ont pas inscrit de points, seul le meilleur résultat de leurs pilotes est pris en compte. Face à Caterham qui est l’autre équipes à ne pas pouvoir inscrire de points, la treizième place est capitale. Ni Charles Pic, ni Giedo Van Der Garde ne réussiront à faire aussi bien. Ce résultat assurera à l’écurie Marussia une dixième place au classement final de la saison 2013 de Formule 1 et quelques deux millions d’euro de la part de la Formula One Management vitaux pour assurer la survie d’une équipe fragile.
En 2014, Jules Bianchi franchit une étape autrement plus difficile, ce qui démontre l’étendue de ses capacités au volant d’une monoplace. Il inscrit ses deux premiers points en championnat du monde de Formule 1. Il réalise cet exploit toujours avec la très modeste Marussia. C’est lors du Grand Prix de Monaco qu’il réalise cette performance. Ce résultat est facilité par de nombreux abandons. Tout en force et sans jamais se déconcentrer, il remonte les positions unes à unes pour finir 9e de la course. Sa course n’aura pas été facile. Il écope de deux pénalités. Une pour être parti hors de sa place en qualification quand Gutierrez, pilote Sauber s’est avancé d’un rang suite à l’abandon de Pastor Maldonado pour Lotus. Il doit effectuer un drive-through (une traversée des stands sans s’arrêter), ce qui lui fait perdre du temps. Il en prend une deuxième plus tard sur un fait de course. À ce moment, il est 8e. Il est condamné à cinq secondes qui viendront s’ajouter à son temps final. Il doit terminer la course avec cinq secondes d’avance sur ses poursuivants. Il n’est pas assez loin devant Romain Grosjean qui hérite de la huitième place mais suffisamment distant du dixième pour assurer la neuvième place et les deux points. Sauber et Caterham n’ayant pas réussi a inscrire de points sur toute la saison 2014, Marussia sécurise la neuvième place au classement constructeur. Ce classement vaudra 48 millions d’euros de la part de la Formula One Management. Quand on connait les difficultés financière de l’écurie Manor (ex-Marussia) qui a connu un dépôt de bilan en janvier, on peut dire que Manor, bâtie sur les bases de Marussia ne doit sa survie et sa présence dans ce championnat 2015 qu’au deux points miraculeux de Jules Bianchi.
Plus tard dans la saison 2014, aux Grands Prix de Grande-Bretagne et de Hongrie et de Belgique, il sera parvenu à se hisser en Q2 lors des séances de qualifications. Ce sont des résultats qui devaient être hors de portée d’une Marussia. Et Jules Bianchi les a réussi.
Une personnalité hors norme
Une fois le casque ôté, les habits de combattants rangés, Jules Bianchi redevenait un jeune homme de 25 ans. Ce qui a marqué, c’est sa gentillesse. Il était humble. Jules est un jeune qui a su faire de la discrétion son point fort. Il était presque timide mais savait faire preuve d’un sens de l’humour aiguisé. Il était toujours souriant, disponible. Ce caractère qui peut trancher avec certains pilotes orgueilleux, ultra expressif lui a garanti une très grande sympathie dans le paddock. Il a su réunir une belle communauté de fan de part le monde. C’est la grande force de ce pilote ; c’est ce tempérament. il était calme est posé à l’extérieur et savait faire preuve d’une grande rigueur dans son pilotage. Il était rapide, déterminé.
Son talent est remarqué par tous les pilotes. La FIA, l’instance mondiale qui régit le championnat du monde de Formule 1 loue un pilote parmi les plus talentueux de sa génération. Le communiqué de la FIA précise : « Jules Bianchi était une personnalité appréciée de tous dans le monde de la F1 par ses qualités humaines et sportives. » Jean Todt qui préside la FIA s’associe à sa famille dans la douleur ainsi que toute la communauté du sport automobile. Ce qui va au-delà de la seule Formule 1.
Les hommages sont unanimes sur Twitter. Jean-Eric Vergne, ancien pilote pour Red Bull déclare : « Je n’ai pas de mots… Tu vas nous manquer mon vieil ami ». Alain Prost, quadruple champion du monde ajoute : « On pensera toujours à Jules. Affectueuses pensées à toute sa famille ». Des pilotes actuels de F1 ont tenu à rendre hommage à Jules. On compte Jenson Button de McLaren-Honda « La nuit dernière nous avons perdu un véritable super gars et un vrai combattant. Repose en paix Jules. Mes sincères condoléances à sa famille et ses amis ». Son grand ami de chez Ferrari, Fernando Alonso « Ami, compagnon, le talent, le sourire. Eternel. Repose en paix Jules. Toujours avec nous ». Il y a aussi Felipe Massa, pilote Williams : « Repose en paix mon frère. Beaucoup de force à toute sa famille. Tu vas nous manquer ». D’autres anciens pilotes comme Luc Alphand vainqueur du Paris-Dakar en 2006 : « C’est beaucoup d’émotions pour le sport français en général (…) les pilotes de F1 sont des fers de lance (…) On est avec eux, on essaye de les soutenir ». C’était sur BFM TV. On ne peut pas oublier l’écurie avec laquelle il a fait sa carrière en F1 ; Marussia « Jules était un talent éclatant. Il était destiné à accomplir de grandes choses dans notre sport et à décrocher des succès qu’il méritait amplement. (…) Il était tout à la fois un pilote farouchement motivé et une personne extrêmement chaleureuse, humble et digne d’affection, qui a illuminé nos garages et nos vies (…) C’est un honneur que de l’avoir eu comme pilote, équipier et évidemment ami » dans un communiqué sur son site internet. Enfin, le Président François Hollande a tenu a s’exprimer lui aussi via son compte twitter : « C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris le décès de Jules Bianchi. Le sport français perd avec lui l’un de ses plus grands espoirs ».
Ses réactions très nombreuses sont vraiment inouïes pour un si jeune pilote de course. Il y en a tant que l’on ne peut pas toutes les citer. Parmi les autres réactions, il y a les journalistes et les média spécialisés dans la Formule 1 ou non. Pour terminer, il y a vous. Vous les internautes, les fans, les anonymes qui pensent très nombreux à Jules. Les hommages sont exprimés dans toutes les langues, vous venez de partout dans le monde.
Une famille très impliquée dans le sport automobile
La famille Bianchi est très présente dans ce sport. Avant Jules, d’autres Bianchi se sont illustrés. Lucien Bianchi a été le premier à marquer son nom dans l’histoire de la course automobile. Il a participé 13 fois aux 24 Heures du Mans entre 1956 et 1968. Cette épreuve mythique, il l’a remporté en 1968 au volant d’une Ford. Mais la tragédie a déjà frappé la famille Bianchi. Lucien, qui était le Grand Oncle de Jules est décédé dans un accident durant la course des 24 Heures l’année suivante en 1969. Il avait lui couru dix-sept Grand Prix de Formule 1. Mais alors que Lucien triomphait, un premier drame a affecté la famille Bianchi. Cette année là, en 1968, Mauro, le frère cadet de Lucien était le premier victime d’un accident. Le drame a eu lieu durant la même course des 24 Heures du Mans. Gravement blessé, Mauro a survécu. Deux drames en deux ans pour une seule famille sur une course automobile ont convaincu Philippe, père de Jules, fils de Mauro de ne pas courir. Il s’est occupé dans le karting. Il a construit la piste ou Jules a fait ses début. Les deux points sont inscrit sur le circuit de Monaco ou Lucien a décroché son seul podium en Formule 1.
Le 5 octobre 2014, Grand Prix du Japon sur le circuit de Suzuka. Les conditions sont dantesques. Jules Bianchi percute une grue venue dégager une autre voiture sortie de la piste. Le choc a lieu à 170 kilomètres heures. Le pilote perd connaissance, est transporté en urgence à l’hôpital Mie General près du circuit. Bien que rapatrié au CHU de Nice, le pilote français reste dans le coma. Son combat dure neuf mois.
Jules Bianchi est le premier pilote en activité a décéder des suites survenues après un accident lors d’une course automobile depuis le tragique 1er mai 1994 et l’accident de Ayrton Senna à Imola. Ce même week-end, Roland Ratzenberger, un pilote Autrichien décède dans un accident lors des essais du Grand Prix de Saint-Marin.
Nicolas Martinet