La huitième manche de la saison a eu lieu dans la campagne de Styrie. Le circuit est situé entre Zeltweg et Spielberg à deux-cents kilomètres de Vienne, la capitale. Le Grand Prix d’Autriche a fait son retour au calendrier l’année dernière. On doit ce retour à Dietrich Mateschitz, le fondateur de la marque Red Bull. Le circuit porte le nom de la marque ; c’est le Red Bull Ring. Les anciens se souviennent de ce circuit comme étant le A1 Ring. La dernière course s’y est déroulée en 2003. Les plus anciens, eux, vous parleront de l’Osterreichring. Il a été créé en 1970 et faisait alors six kilomètres de long. Depuis la création du A-1 Ring, il ne mesure plus que quatre kilomètres.
Nico Rosberg est toujours dans la partie
Si les dernières course ont laissé apparaître un doute sur les capacités de Nico Rosberg a lutter pour la victoire et pour le titre, en Autriche, il n’en fut rien. L’allemand a totalement maîtrisé son sujet. Il a été le plus rapide dans le troisième secteur. C’est ce qui a fait la différence sur un Hamilton plus en retrait. Sur chacune des séances, c’est l’allemand qui est arrivé devant son coéquipier pour trois à quatre dixièmes. En qualification, les deux pilotes Mercedes sont partis à la faute. Tout d’abord Hamilton au premier virage, il détenait la pole, puis Rosberg au dernier virage. Il est certain que sans cette erreur, Rosberg prenait la pole à Hamilton. Néanmoins, on ne peut pas lui reprocher cette faute car elle est due au fait qu’il était à la limite. C’est de plus en plus rare.
En course, la victoire s’est sans doute joué au départ. Rosberg avait un meilleur embrayage, il a pu prendre le meilleur sur Hamilton qui a semblé scotché sur sa position. Rosberg a su attaquer au moment de son arrêt aux stands pour le changement de pneus. Il a du bloquer ses roues pour éviter l’excès de vitesse dans la voie des stands. Tout n’a été que maîtrise de l’allemand. Hamilton a lui aussi attaqué dans les stands, mais une erreurs d’attention lui a fait mordre la ligne de sortie. Une pénalité de cinq secondes à l’arrivée lui a été administrée. C’est la preuve que Hamilton n’est pas serein sur tout les circuits. Ces points lâchés paraissent anodins, mais en novembre, à Abu Dhabi, pour la dernière course de la saisons, ils seront capitaux pour le championnat. La lutte sera plus serrée entre les deux pilotes Mercedes.
Ferrari se rapproche mais ne concrétise pas encore
Ferrari est clairement la seule écurie à pouvoir se rapprocher des Mercedes. En essais libres 1 et 2, Vettel a placé sa voiture en tête du tableau des temps. Ces résultats confirment un gain de performance qui se fait à chaque fois plus net. Cela laisse présager de belles courses ou l’opportunité de gagner peut être de plus en plus grande. Toutefois, comme au Canada, il manque de la vitesse de pointe à la Scuderia pour être vraiment au niveau des Mercedes. Résultat : en qualifications, Vettel est toujours à quatre dixièmes. 1:08:455 pour Hamilton contre 1:08:810 pour Vettel. Cela fait quelques Grand Prix que ça dure. En course, cette différence fait que même en s’élançant troisième, l’allemand ne peut pas rattraper les Mercedes qui s’échappent. À cela, vient s’ajouter des problèmes lors des arrêts aux stands. Le pistolet servant a serrer et desserrer les écrous des roues s’étant bloqué pour la roue arrière droite, les mécaniciens de Vettel lui ont fait perdre dix précieuses secondes contre leur gré. Il perd le podium à la faveur de Felipe Massa. Bien qu’ayant tout mis en place pour rattraper le brésilien, il était trop juste pour parvenir à le dépasser. Malgré cet événement aux stands, Vettel est crédité du troisième meilleur tour en course. Le record est détenu par Rosberg en 1:11:235. Vettel lui a tourné en 1:11:499. Cela est très probant pour la suite. Après le Canada, c’est la deuxième course ou Ferrari perd un podium à portée de main. Raikkonen était parti en tête-à-queue à l’épingle du circuit. Ici, le coéquipier de Vettel n’a pas été à la mesure de son équipier. Il rate sa qualification qui le voit s’élancer 16ème. (14e avec les divers pénalités des McLaren Honda et Red Bull). Sa course se termine prématurément. Dans le premier tour, à la sortie du virage n°2, une perte d’adhérence inexpliquée l’envoi avec Alonso dans le rail de sécurité. Le pilote espagnol tentait un dépassement sur la gauche mais la perte de contrôle de la Ferrari l’a emmené sur la gauche de la piste. Alonso était là, n’a rien pu faire pour éviter le choc est s’est retrouvé sorti dès le premier tour. Raikkonen se voit menacé chez Ferrari pour 2016 d’autant plus que Ferrari aurait fait une offre à Williams pour s’attacher les services de Valtteri Bottas.
Le Grand Prix en bref
Grand Prix à domicile pour l’écurie Red Bull Racing. Le constat est terrible. Daniel Ricciardo s’est qualifié 14eme en 1:10:482. C’est à deux secondes pleines de la pole qui est 1:08:455. Kvyat, lui se hisse en Q3, mais seulement 8eme en 1:09:694 à près de 1.3 secondes. C’est un revers, un camouflet pour l’écurie dont le grand patron, Dietrich Mateschitz à littéralement incendié le motoriste Renault : « Non seulement Renault nous a couté du temps et de l’argent, mais aussi de la volonté et de la motivation. » Renault qui a permis à l’écurie de remporter quatre championnats de 2010 à 2013 se retrouve dénigré. C’est une charge violente pour une écurie qui n’a que dix ans d’existence (crée en 2005) et qui a connu le succès aussi rapidement. Des teams comme McLaren ou Williams et Lotus n’ont pas toujours tout remporté. Elles ont connu des périodes difficiles. Mais, elles, elles n’ont jamais dénigré leur motoriste comme Red Bull peut le faire actuellement. Ce camouflet est d’autant plus dur a supporter que Max Verstappen, le jeune pilote de 17 ans sur l’écurie soeur Toro Rosso, qui avec moins de moyens a réussi a signer une très belle 7eme place avec un chrono en 1:09:612 soit a seulement 1.2 secondes de plus par rapport à la pole de Hamilton.
Après cela, une seule question se pose : Renault est-elle la seule responsable?
Romain Grosjean a dû abandonner. Le pilote français de chez Lotus ne marque pas de points une nouvelle fois après le Grand Prix du Canada. Cette fois, c’est sa boîte de vitesse qui semble avoir cassé. Les points perdus seront difficiles à rattraper en fin de saison. Son équipier, le vénézuélien Pastor Maldonado inscrit de nouveau 6 points. Sa saison est enfin lancée.
Après sa magnifique victoire au Mans, Nico Hulkenberg termine 6eme. Il inscrit huit points pour l’écurie Force India. Sergio Perez termine 9eme. Il ajoute deux points supplémentaires. C’est un excellent résultat pour une petite équipe indépendante qui n’a pas beaucoup de budgets et qui arrive sur les Grand Prix sans évolutions majeurs.
Nicolas Martinet