8 juillet 2017, 17h. Lilian Calmejane (Direct Energie) s’est débarrassé de tous ses concurrents. Il reste quelques hectomètres. Sourire aux lèvres, le jeune Français de 24 ans a compris : il a décroché la plus belle victoire de sa carrière. Pourtant, rien n’était sûr jusqu’à la ligne. Souvenirs.
Il avait déjà gagné à l’occasion de sa première Vuelta. Une victoire impressionnante, au culot. Combiné à un début de saison 2017 tonitruant. Lilian Calmejane, jeune coureur français, a tout le loisir de reproduire son exploit sur les routes du Tour de France. En tout cas, Jean René Bernaudeau, manager de l’équipe Direct Energie, a choisi. L’Albigeois sera de la partie, et ce n’est pas pour montrer le maillot. Alors que la première semaine touche à sa fin, le peloton a rendez-vous avec la montagne. Si on a vu un semblant de bataille en haut de la Planche des Belles Filles, la Station des Rousses, terme de cette 8eme étape, propose un profil propice à une bagarre. Mais cette étape est aussi la première opportunité pour les baroudeurs de s’exprimer. Pour preuve, la station porte bonheur aux Français. En 2010, Sylvain Chavanel, aidé par Jérôme Pineau, avait levé les bras. Le rendez-vous est pris pour les tricolores.
Dans tous les bons coups
Justement, il l’a coché cette étape. Et tout commence bien, lorsque « Calmej » ou « Lilou » a réussi à prendre l’échappée du jour. Comme 47 autres coureurs… et pas des moindres. Des anciens vainqueurs d’étape, des expérimentés. Bref, des coureurs qui savent gagner. L’étape est très rapide, les groupes se font et se défont. Jusqu’à 50 kilomètres de l’arrivée. Huit coureurs s’envolent pour la gagne. Des noms qui font peur. Mais Lilian Calmejane, insouciant, à l’accoutumée impatient, sait cette fois-ci attendre le bon moment. Alors que certains se tirent la bourre, le Français patiente, puis y va à son tour. Nicolas Roche et Serge Pauwels ne peuvent pas suivre. Robert Gesink tente de revenir de l’arrière. Mais l’Albigeois s’envole. Secondes après secondes, le Français grappille. Jusqu’à basculer en tête de la dernière grande difficulté avec 30 secondes d’avance. Il reste dix kilomètres.
Calmejane 1, crampes 0
Dans l’aire d’arrivée, J.-R. Bernaudeau, qui fête son anniversaire, est en larmes. Plus rien ne peut arrêter Calmejane… jusqu’à un léger faux plat montant, aux cinq kilomètres. Le Français est à l’arrêt. Il déchausse et étire ses jambes. Tout le monde a compris. Même Robert Gesink, à sa poursuite. Le coureur de Direct Energie souffre de crampes. Largement ralenti, les coups de pédale sont difficiles. Derrière, le Hollandais remet le bleu de chauffe pour revenir. Mais ce jour là, même des crampes violentes ne pouvaient arrêter la machine « Calmej ». L’Albigeois ne panique pas et fait tomber du braquet. La méthode fonctionne, le voilà reparti. Parti vers la plus belle victoire de sa carrière. Gesink est résigné. Les hectomètres défilent, la flamme rouge se présente. Les premiers sourires sont lisibles sur le visage du Français. Puis vient l’explosion. Le moment de savourer une victoire acquise à la tête. A l’intelligence certes, mais aussi au mental. Rien ne pouvait arrêter le coureur de 24 ans, ce samedi 8 juillet. Mais rien ne semble pouvoir l’arrêter, tout court. Même pas des coups du sort, semble-t-il.
Crédit photos : Ouest-France, Le Soir