« Le football appartient au joueurs » répétait Robert Herbin, pas par fausse modestie, quand on mettait en avant son travail d’entraîneur. Il avait été footballeur avant de s’assoir sur un banc, il avait vu de près ce que change le talent, d’un Rachid Mekloufi ou d’un Salif Keita. Plus tard quand d’autres voulaient opposer sa vision collective à la magie de Platini, il n’avait pas besoin de discours pour contredire la médisance. Il lui suffisait de lever les yeux au ciel devant celui qui osait un parallèle entre le Stéphanois et Susic, le Parisien. « Comment peut-on les comparer? » Pour lui, il n’y avait pas photo.
Rien n’a changé. Le bon joueur, à défaut d’être exceptionnel ou unique, est celui qui peut faire basculer un match sur un coup d’éclat ou influer sur le comportement de toute une équipe.
Aujourd’hui à l’ASSE, c’est le cas de Wahbi Khazri. De sa saison, il ne faudra pas seulement retenir son but de l’année à Metz. Il a été un buteur et un détonateur. Avec Ryad Boudebouz, on parlera plutôt de régulateur. On a vu ce qu’il pouvait apporter quand il est en pleine possession de ses moyens et opère à son niveau. Loin de rechigner, il a même su s’adapter quand Claude Puel l’a fait reculer en sentinelle à Troyes. « J’ai essayé de jouer comme j’aimerais qu’un joueur joue quand il est derrière moi, en faisant des passes entre les lignes. Je sais que les offensifs aiment ces passes qui cassent les lignes. J’ai essayé de donner le tempo ». Encore faut-il en être capable… et que l’adversaire s’y prête. Technique, vision du jeu, intelligence font toujours la différence, mais parfois le talent est en face.
Rédigé par Didier Bigard