Coach de l’équipe de France de Trail depuis 2009, Philippe Propage détient à son actif un palmarès très riche. Nous sommes revenus avec lui sur son aventure exceptionnelle avec les Bleus.
Comment avez-vous découvert le Trail ?
De base, je viens du football, étant stéphanois il est difficile de faire autrement. À l’âge de 30 ans, je n’avais plus le temps de faire de longs déplacements donc j’ai opté pour la course à pied avant de privilégier le Trail au milieu des années 90.
Pourquoi avoir choisi de devenir entraîneur ?
J’ai toujours été intéressé par l’aspect entraînement et performance. J’achetais beaucoup de revues sur ces thèmes puis s’est créée une formation d’entraîneur de course sur route. J’ai donc été l’un des premiers à passer tous mes niveaux jusqu’à pouvoir accompagner des athlètes internationaux.
En quoi consiste votre travail au quotidien ?
Mon rôle est un peu celui de Didier Deschamps. Je dois sélectionner six garçons et six filles. Je dispose de ces athlètes une semaine à 15 jours pour faire des stages de préparation avec un programme que je prépare. Généralement, ceux-ci ont lieu avant un grand rendez-vous comme un championnat du monde.
Et le reste de la saison ?
À titre individuel, j’entraîne toute l’année certains traileurs. Il arrive donc que des athlètes que j’entraîne toute l’année se retrouve en équipe de France. Par exemple chez les femmes, j’entraîne individuellement 4 des 6 sélectionnées et chez les hommes 2 ou 3. C’est de l’entraînement à distance, l’athlète la plus près de chez moi est à Roanne et certains à Grenoble ou Bordeaux. Il est naturellement plus facile de les suivre à distance via le téléphone et les plans d’entraînements par internet.
Comment avez-vous réussi à gravir les échelons au niveau national ?
D’abord, en 2000 j’ai été invité à suivre un stage de l’équipe de France de semi-marathon au championnat du monde au Mexique. Ensuite, en 2008, on m’a appelé pour prendre en charge d’urgence l’équipe de France de 24 h. En parallèle de cela, la fédération crée une équipe de France de trail en voyant l’essor de cette discipline. Sachant que j’étais l’un des seuls à avoir les diplômes et que je suis devenu traileur en 1995, elle a décidé de faire appel à mes services.
Quel est votre plus beau souvenir à la tête de cette équipe de France ?
Je dirais le championnat du monde 2015 puisqu’il a lieu en France à Annecy et que l’on fait le grand chelem à savoir remporter les titres individuels mais aussi les titres par équipes homme et femme. Un véritable carton plein, en plus à la maison ça ne s’oublie pas.
Vous avez sorti un livre récemment, pourquoi ?
Chaque championnat, je faisais un compte rendu pour la fédération. J’avais donc des bases sur lesquelles m’appuyer en plus de mes nombreux souvenirs. Ensuite, j’en ai parlé avec certains coureurs de l’équipe de France. Pour eux, j’étais le mieux placé pour le faire. Je me suis donc fait plaisir en me lançant dans ce nouveau projet.
Quelles ont été les différentes étapes de la fabrication de cet ouvrage ?
J’ai pris beaucoup de plaisir au début. Après je n’imaginais pas que c’était autant de travail pour écrire un livre. Par la suite, j’ai décidé de prendre un imprimeur local, sans passer par internet et prendre un éditeur alors que j’aurais pu économiser de l’argent. Je voulais travailler en local, j’ai fait l’avance de l’argent pour que ce soit encore plus personnel.
Si on devait ressortir une seule chose de votre récit, laquelle serait-elle ?
Enfaite, j’ai demandé à 3 ou 4 coureurs de chaque édition d’écrire leur aventure en Bleu. Tous mon répondu favorablement et m’ont envoyé un texte que j’ai directement copié-collé pour ne pas déformer leurs propos. On retrouve donc à l’intérieur de ce livre tous ces textes de champions français et c’est ce qui me touche le plus.
Êtes-vous satisfait des différents retours ?
Je n’ai pas d’éditeur donc le livre n’est pas disponible partout mais les ventes m’ont remboursé ce que j’avais dépensé. Les retours sont bons mais l’essentiel était de laisser une trace de mon aventure en tant que coach de l’Équipe de France. Pour moi, il fallait mettre en avant ces athlètes que l’on connaît que par leurs médailles mais qui sont bien plus que cela.
Comment voyez-vous l’avenir pour votre sport ?
Radieux car le nombre de traileurs ne cesse d’augmenter. J’aurais malgré tout aimé que le trail intègre les Jeux Olympiques en 2024 à Paris. Certes ça ne se fait pas comme ça mais pourquoi ne pas avoir été au moins sport de démonstration.
Et le vôtre ?
J’espère que les championnats du monde 2021 vont pouvoir se dérouler comme prévu du 11 au 13 novembre en Thaïlande. Mon objectif est de préparer au mieux cet événement pour ramener le maximum de médailles possible.
Crédit photo : Alpine Mag