Ce jeudi, à 14h, a eu lieu la 1ère conférence de presse de Yannick Noah depuis l’officialisation de son retour au poste de capitaine de l’Equipe de France de tennis pour la Coupe Davis. L’ancien vainqueur de Roland-Garros 1983 s’est montré déterminé.
Dès les premiers instants, il a bien évidemment commenté son retour dans le monde du tennis : « J’ai l’impression que je ne suis jamais vraiment partie. J’ai toujours eu des contacts avec ce qui se passait dans le tennis. J’ai été contacté comme c’est le cas à chaque fois depuis une dizaine d’années. Il y a toujours un débriefing avec des gens qui m’appellent et avec qui on refait le monde. Là, on m’a approché et on m’a demandé si j’étais prêt à reprendre l’équipe. Ma réponse a été claire : il était hors de question de se relancer dans une aventure sans en parler aux joueurs. Ma réponse a donc été tardive. Après avoir parlé aux joueurs, il était clair que tout était en place pour y aller et tenter de gagner la Coupe Davis. »
Toujours dans la catégorie des retours, il a expliqué son envie de remporter à nouveau la Coupe Davis en tant que capitaine (après 1991 et 1996) : « Je suis honoré et plein d’espoir. Et pas seulement parce que je suis là… Je suis aussi très motivé. J’ai le sentiment qu’on peut vraiment s’améliorer. Il s’agit de faire jouer de très bons joueurs et de faire en sorte qu’ils soient dans les meilleures conditions possibles. J’ai le sentiment, et je ne m’en suis pas caché, que ce n’est pas le cas depuis quelques années. J’ai cet espoir fou et cette conviction de pouvoir le faire avec les joueurs. J’ai parlé longuement avec eux et je suis très confiant. »
Il s’est aussi exprimé sur cette génération qui échoue : « On peut le voir de plusieurs manières. A travers les résultats depuis dix ans ou d’une autre manière en se demandant si on est pas responsable de ces résultats. C’est à nous, en tant que vitrine de l’équipe de France, de donner l’exemple. La génération dont on parle n’a jamais connu d’autre mode de fonctionnement. Ce n’est pas Arnaud Clément ou Guy Forget mais les deux… Il ne s’agit pas de dire : ‘‘On va gagner demain’’. Le but est d’arriver au vendredi de Coupe Davis prêts à 100%. »
Pas de cadeau pour les joueurs, il y aura un cadre à respecter. Aucun faux pas ne sera autorisé : « Il faut toujours se remettre en question et je le fais aujourd’hui. J’ai l’habitude, depuis toujours, qu’on me dise que je vais me planter. Joueur, capitaine de l’équipe de Coupe Davis ou de Fed Cup, chanteur, etc. C’est un nouveau challenge mais je pense connaître le tennis. Il va falloir apprendre le mode de fonctionnement des joueurs en direct, pas par la presse ou l’entourage. J’ai commencé le travail et je pense que c’est possible. J’ai eu des discussions très riches et intéressantes avec les joueurs. Bien sûr qu’il faut établir un cadre. Un champion a de l’ego mais il faut savoir gérer ça et le mettre au service de notre objectif. Pour ça, il faut un cadre bien défini avant. Et celui qui en sort en sort. Il n’y a pas d’avertissement. On est des hommes et quand on se dit des choses, on les fait et on va au bout. Il faut faire preuve d’autorité, prendre des décisions parfois douloureuses. Il faut savoir qu’on est tous amis, très proches au-delà du tennis. Mais il faut prendre des décisions difficiles pour l’intérêt commun. Je n’aurai pas peur de faire preuve d’autorité car je pense que ça a manqué. Entre autres. »
Noah s’est ensuite “un peu” affirmé comme un sauveur après les échecs du groupe mené par Arnaud Clément : « Ce n’est pas simple de dire à quelqu’un apprécié, qui a été irréprochable et représente l’esprit de la Coupe Davis, qu’il est remercié. Depuis 15 jours, j’ai lu tout ce qui se disait et on se détourne un peu de l’essentiel. Ce qu’on essaie, c’est de redonner de l’espoir et du sourire aux supporters. Ça fait dix ans qu’on pleure. Comment dire cela à quelqu’un et le faire bien ? Arnaud doit être blessé et je le serais aussi à sa place. Mais il n’y a pas de bon moyen. On se noie dans des détails. Tout le monde sera d’accord pour dire qu’Arnaud est quelqu’un de très valable. Il est arrivé dans un moment pas facile il a eu du mal et on est dans un moment d’urgence. Il y avait beaucoup d’espoirs sur cette génération et elle est en train de passer. On doit travailler dans l’urgence. C’est maintenant, pas plus tard. Je ne suis pas d’accord avec la façon de penser ‘‘on verra la prochaine fois’’. Il n’y a pas de résultats et c’est pour ça que je suis là. S’il y en avait eu, je ne serais pas là. Mais il fallait que les joueurs adhèrent à mon discours. Je sens que j’ai une équipe motivée derrière moi. Après, je pense qu’Arnaud est toujours là. Certains sont restés deux ans, d’autres 14. C’ets très bien que la Fédération décide, que ça vienne de là-haut, qu’il y ait une hiérarchie et un mode d’élection compris par tous. Ça flotte un peu car une génération de joueurs a pensé qu’elle décidait. Ce n’est pas le cas même si on prend leurs avis. Ça se passe comme ça dans tous les sports, c’est normal. Le sélectionneur national devrait toujours être le meilleur par rapport à l’équipe qu’il a à sa disposition. Ce qui compte, c’est ce qui se passe sur le terrain à la fin. On l’a tous vu. Je n’avais pas besoin d’être à Lille pour le voir. Il y a juste à voir l’entrée des joueurs, leur boxe ou la communication dans les jours d’avant. Ce sont des champions, ce que je dois faire c’est leur créer le meilleur environnement possible. Je n’ai pas peur de faire face, j’ai l’habitude. Et allez les Bleus ! » Sans toutefois le mettre de côté : « J’ai toujours été disponible pour Arnaud, à travers des messages et autres. Il ne m’a jamais rappelé. C’est son mode de fonctionnement et je le respecte. J’aimerais lui parler mais je ne pense pas que ce soit d’actualité dans son mode de fonctionnement. J’espère pouvoir le faire plus tard. »
Du pain sur la planche, il va en avoir, et c’est lui qui le dit : « Je sais qu’on aurait pu faire mieux en finale et contre les Anglais. Est-ce que cela aurait été suffisant ? Je ne sais pas. Mais je sais qu’on aurait pu faire mieux, je ne le pense pas. J’ai compris que les joueurs n’arrivaient pas à s’épanouir sur des matches importants en Coupe Davis depuis quelques temps. Pourquoi ? C’est mon travail. On va essayer de trouver. On a déjà des idées et on est déjà à fond sur cette question alors que le rendez-vous est dans six mois. »
Il a tenté de rassurer les esprits en utilisant Federer comme exemple même si au classement les Français sont loin de lui : « On est dans l’urgence. L’objectif est d’être prêt au mois de mars, pour le premier tour. Federer a gagné sa première Coupe Davis à 34 ans donc on a un peu de temps… »
Il est là pour le tennis, il n’est pas là pour chanter : « Je n’arrive pas grâce à une image. Il y a un contenu, un fond, ce qui se passe dans les vestiaires, dans les rassemblements, dans les discussions, quand on est entre nous. C’est là qu’on gagne. Je veux croire que je ne suis pas là par rapport à une image. Quand je parle aux joueurs, on parle de tennis. Je ne leur raconte pas mes derniers concerts. Je pourrais mais on n’en a rien à foutre. Le but, c’est de donner du bonheur. Pour ça, il va falloir travailler et changer quelques fonctionnements. Il va falloir faire des sacrifices. J’ai un plan clair. Mais pour eux, et c’est incroyable, c’est nouveau. Ils n’ont jamais entendu un truc pareil. Alors je me dis qu’on ne peut faire que mieux. Si on donne le meilleur de nous-mêmes sur tous les matches pendant les quatre rencontres, je pense sincèrement qu’on a une chance de gagner. Mais il ne faut pas qu’on triche quand on est entre nous. »
Pas d’indication sur le staff qui sera à ses côtés (pour le moment) : « Je suis en train de monter mon staff, je suis très avancé mais je préfère attendre que tout soit définitif pour en parler. »
Des contacts il en a eu, il reste à revoir tout le monde : « Je veux que les joueurs soient tous concernés par l’équipe de Coupe Davis, qu’ils sachent tout de suite comment on va fonctionner. J’ai passé beaucoup de temps à parler aux uns et aux autres. Je ne les ai pas tous vus mais j’en aurai l’occasion, je pense, à Bercy. On a la chance d’avoir un peu de temps car le premier tour est en mars et je veux vraiment que tout le monde soit concerné. On a de très bons joueurs de simple, de très bons joueurs de double, et on a perdu des simples et des doubles qu’on aurait dû gagner. » L’objectif ? Réduire les faiblesses et travailler les forces : « Je ne vais pas parler des faiblesses des joueurs. On va travailler dessus, faire en sorte qu’il y en ait de moins en moins. Et on va mettre en avant leurs forces. »
Il a vanté les mérites des anciens coachs devenus entraîneur : « Quand j’ai commencé, j’entendais déjà qu’il y avait trop d’argent, que ce n’était plus comme avant. J’ai passé beaucoup de temps avec Boris Becker, Stefan Edberg et Michael Chang. Ils ont arrêté depuis longtemps mais ils apportent quand même quelque chose en tant que coachs. On pensait que Roger Federer était sur une pente descendante et Edberg lui a fait beaucoup de bien. Comme Amélie Mauresmo avec Andy Murray. Les anciens connaissent le tennis. Je me régale chaque fois à échanger avec John McEnroe. J’apprends toujours beaucoup de choses auprès de lui ou quand il commente. Il y a de mauvais entraîneurs, il y en a des bons. Il y a la culture de la victoire ou la culture de la loose. Quand on veut gagner, il faut essayer de rêver, de donner des sourires. On nous explique souvent pourquoi on perd mais les explications pour gagner, c’est plus difficile. Il faut redonner espoir. »
À nouveau, il a confirmé que le tennis allait passer avant sa carrière de chanteur durant son capitanat : « Dans mon autre vie, la sortie d’un album prend à peu près six mois. C’est moi qui décide. Je suis mon propre patron. Aujourd’hui, je suis à 100% dans le tennis, capitaine de l’équipe. »
Une nouvelle question sur son futur staff : « Je vais essayer de mettre en place le meilleur staff possible au profit de l’équipe. Je ne serai influencé par personne, ce sera mon choix. Le timing de l’annonce ? Quand je serai prêt. Mais ça ne prendra pas trois mois. Ce sera avant Bercy, c’est sûr. »