Après le maillot vert, Romain Hamouma a décidé de poursuivre sa route avec la casquette d’entraîneur. Il a intégré le staff en centre de formation pour s’occuper des jeunes attaquants stéphanois. Rencontre avec l’homme au 321 matchs chez les Verts.
Vous occupez actuellement le poste d’entraîneur des attaquants du centre de formation, comment se sont passées vos premières semaines ?
R.H. : “Très bien. C’était un peu difficile au début parce que je suis arrivé à un moment où tout le monde était déjà en place. Il a fallu se remettre vite dans le bain. Au début, on avance un peu à taton forcément parce que c’est quelque chose que je découvrais. J’ai été bien accueilli par le staff en place et je suis maintenant sur plusieurs missions différentes qui me donnent un quotidien très intéressant.”
C’est un nouveau chapitre dans votre vie, un nouveau rôle, comment l’avez-vous préparé ?
R.H. : “Quand j’ai prolongé avec l’ASSE dans mon dernier contrat, on avait mis une clause de reconversion qui n’était pas définie. Une fois la fin de carrière, j’ai réfléchi à ce que je pouvais faire et j’avais quelques idées dont celle d’accompagner les attaquants au quotidien. J’ai aussi découvert le rôle d’adjoint d’une équipe et j’ai un travail qui est assez diversifié.”
Rester dans le milieu du foot après votre carrière, c’était dans votre plan ?
R.H. : “Non, pas du tout honnêtement. C’est pour cela que je n’avais pas passé les diplômes au moment où j’aurais pu le faire. Ce n’était pas une envie pour moi de passer de l’autre côté à la fin de ma carrière. Mais en réfléchissant, j’ai changé d’avis. Il y a beaucoup de gars que je connais qui ont complètement arrêté le football. Moi, je prends plaisir à faire ce que je fais, je trouve que d’essayer de faire progresser des jeunes joueurs, c’est une expérience vraiment enrichissante.”
Votre vision du football est-elle différente maintenant que vous êtes en dehors du terrain ?
R.H. : “Oui, un peu. Ce n’est pas évident. Ce n’est pas parce qu’on a joué en tant que professionnel qu’on sera un bon entraîneur. J’essaye de transmettre avec des mots des choses que j’ai pu ressentir sur le terrain quand je jouais, ce n’est pas un exercice facile. Jouer et entraîner, c’est très différent. Maintenant, je reste humble dans ce que je fais et je pense que ma carrière peut me servir dans ce que j’entreprends maintenant.”
Après six mois sous cette nouvelle casquette, en quoi votre carrière de joueur vous sert-elle justement dans votre rôle ?
R.H. : “Dans ma carrière, je pense avoir connu toutes les émotions possibles. Je me suis écroulé, mais je suis resté debout et j’ai continué à avancer. Je pense que c’est peut-être une qualité qui va me servir. Quand j’étais joueur ici à Saint-Etienne j’étais déjà intervenu auprès des jeunes du centre. Je pense qu’on va réitérer l’expérience avec les U16, où je vais essayer de leur transmettre le vécu que je peux avoir.”
Vous avez joué avec des jeunes et vous avez été jeune dans un groupe, en quoi l’expérience est-elle importante dans une carrière ?
R.H. : “J’ai toujours été très proche des joueurs qui étaient plus âgés. On avait souvent beaucoup d’atomes crochus ensemble. J’aimais leur sagesse, c’est de ça qu’on peut grandir. Après, je ne suis pas entraîneur mais adjoint, donc j’essaye d’avoir un relationnel un peu plus détendu avec les gars.”
Vous avez dit stop en fin de saison dernière, comment se prend une telle décision ?
R.H. : “Il y a eu plusieurs étapes en vérité. D’abord la fin de l’aventure avec Sainté. On descend en Ligue 2, le barrage a été catastrophique. C’était une période vraiment difficile pour moi. Je ne savais pas si je devais rester, partir, tout le monde était perdu. J’ai pris la décision de reconstruire mais je n’avais pas envie de partir de l’ASSE honnêtement. C’est un choix que j’ai pris à contrecœur. J’ai eu quelques pépins avec Ajaccio en plus. Je suis quelqu’un qui aime être sur le terrain mais j’en avais marre des saisons galère. Je ne prenais plus de plaisir. Pourtant, j’ai connu des moments fous de Coupe d’Europe par exemple, mais aussi des saisons compliquées. Quand c’est une fois, ça va. Mais deux fois, trois fois… C’était trop. Quoiqu’il en soit, arrêter était une décision vraiment difficile à prendre.”
Avez-vous sondé votre entourage au moment d’arrêter ?
R.H. : “C’était à moi de prendre la décision. Après, encore aujourd’hui, je me dis que j’aurais peut-être dû continuer. Ce n’est pas simple.”
Beaucoup appellent la fin de carrière la mort du footballeur, comment l’avez-vous appréhendé et quel a été votre état d’esprit ?
R.H. : “C’est dur. On fait du foot depuis qu’on a 5 ans. On s’entraîne pour un objectif, pour la compétition, c’est aussi du dépassement de soi au niveau physique. Sans parler de toutes les émotions qu’on peut avoir. Dans la vie, on ne les a plus. Faire descendre une tribune sur un but, ça n’existe pas dans la vraie vie ! (rires). On a un vrai quotidien qui s’arrête du jour au lendemain et c’est très compliqué.”
On parle d’expérience mais vous êtes un passionné de foot depuis tout jeune, quand vous jouiez avec votre frère et votre soeur dans le jardin familial ?
R.H. : “Ma soeur, mon frère, tout le monde y passait (rires). Mon père m’avait construit une grande cage et une plus petite pour travailler la précision. Pour tout dire, je faisais des passements de jambes sur des pots de fleurs… Je vivais dans un petit village de 300 habitants donc on devait être 3 ou 4 maximum à jouer au foot.”
Quand vous avez 15 ans, vous êtes victime d’une rupture des ligaments croisés. Cet épisode forge déjà l’homme que vous deviendrez par la suite ?
R.H. : “C’était une période un peu difficile. Quand j’ai commencé le foot, on parlait très peu du monde professionnel. C’est trop loin. Après, quand j’ai eu 13 ans, on a commencé à s’intéresser à moi. Je suis arrivé en centre de formation où j’ai fait une très bonne saison puis j’ai cette blessure et je suis livré à moi-même. Je pars en ambulance en Alsace tout seul, je vois le chirurgien tout seul, je me fais des piqûres au centre de formation tout seul… Et puis je voyais les copains continuer à jouer sans que je puisse être avec eux, c’est compliqué quand on a 15 ans.”
Aviez-vous déjà pensé à tout arrêter ?
R.H. : “Non, jamais. J’ai eu des moments de faiblesse mais on en parlait beaucoup avec mes parents et j’ai toujours su reprendre le fil derrière. Cette période au centre de formation m’a forgé, j’ai pu voir l’écumage qu’il y avait. J’ai vu des gars tout arrêter parce que c’était trop dur.”
Quand vous jouez à Besançon, en CFA, vous touchez 400€ par mois, et tout arrive ensuite rapidement pour vous avec votre départ pour Caen ?
R.H. : “Dans ma carrière, j’ai eu des moments compliqués. Mais comme d’autres joueurs, je ne veux pas faire pleurer sur mon parcours. Quand j’étais gamin, je suis à Besançon, je ne gagne pas trop d’argent effectivement. Je jouais en CFA mais je vivais ma meilleure vie, je me souviens j’avais un scooter, j’étais encore jeune. Et puis c’est allé très vite, la Ligue 2, la Ligue 1 et des salaires qui varient vite c’était assez fulgurant mais je n’ai jamais oublié d’où je venais.”
Évoquons forcément l’AS Saint-Etienne, avec du recul, que vous a apporté cette opportunité de signer chez les Verts ?
R.H. : “ Plein de choses. C’est le club de ma carrière, je suis resté ici pendant 10 ans. Quand Christophe Galtier vient me chercher, je viens d’avoir mon fils et je ne sais pas trop où je mets les pieds. Je connais la ferveur du stade, l’attente, l’exigence. Et puis on gagne la Coupe de la Ligue, on participe à la Coupe d’Europe. Ce sont des choses que je n’aurais jamais pu imaginer faire 3 ou 4 ans avant.”
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage ici ?
R.H. : “C’est beaucoup de moments. Marquer des buts dans ce stade, à Saint-Etienne, c’est très fort. Mais c’est tout beau comme ça peut être plus compliqué. Et ce sont ces saisons-là qui m’ont abimée. J’ai vécu tellement de grands matchs qui m’ont marqué à vie. C’est d’ailleurs ce qui me manque le plus, de jouer et de ressentir le public avec toi.”
C’est finalement une belle continuité de vous voir débarquer à Saint-Etienne dans un nouveau rôle ?
R.H. : “C’est sûr que ma reconversion ici n’a pas étonné. Tout le monde me connaît, je suis parti un an mais c’est comme si je n’avais jamais quitté l’ASSE. J’ai une relation particulière avec les gens, sur le côté professionnel, de la formation et des salariés. J’ai sans doute une légitimité auprès des garçons parce que ma carrière est encore fraîche, ce ne sera peut-être plus le cas dans 10 ans ! (rires).
Comment voyez vous la suite pour vous ?
R.H. : “Je veux me former dans un premier temps. Commencer une nouvelle formation la saison prochaine. J’ai des objectifs à court et long terme. Je veux vite apprendre. On me donne déjà beaucoup de conseils, on partage pas mal avec le staff. C’est tout l’envers du décors que je ne connaissais pas et j’en prends pleinement conscience aujourd’hui.”
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