Romain Souvignet est le directeur général de la société La Boule Obut, basée à Saint Bonnet le Château. Nous sommes partis à sa rencontre pour discuter de différents sujets comme son adaptation en temps du Covid ou ses divers projets à venir.
- Comment est née l’entreprise Obut ?
Romain Souvignet : ” Elle a été créée en 1955 à Saint Bonnet le Château. Nous sommes une société familiale. Elle y est restée du début à aujourd’hui, toujours sans investisseurs. Elle s’est transmise de génération en génération avec au départ mon grand père comme actionnaire aidé d’un directeur technique qui était un ingénieur.
- Lors de la création, vous n’étiez pas les seuls sur le marché. La boule JB était présente à l’époque. Cette dernière a été rachetée par Obut en 1993. Quels sont vos concurrents aujourd’hui en France ou dans le monde ?
R.S : Nous avons deux concurrents français : la société MS et la société Boule Bleue. Ils fabriquent des produits avec des procédés identiques aux nôtres. En revanche, ils sont orientés sur des produits de compétition, et donc moins connus du grand public. Il y a aussi des boules asiatiques (Chine, Thaïlande, Taiwan). qui sont achetées par les enseignes.
80% des boules de pétanque de cette planète sont des boules de la marque Obut ? Est-ce exact ?
R.S : C’est compliqué de donner un pourcentage. Au niveau douanier, nous faisons partie des jeux et des jouets. On n’arrive pas à savoir exactement ce qui est exporté. On a un gros client qui est Décathlon à qui on vend nos boules. Eux, ensuite peuvent les expédier dans tous leurs magasins dans le monde entier. On est considéré par l’autorité de la concurrence comme le leader au niveau de la compétition (environ 70% du marché). Au niveau loisir on représenterait plutôt 60% du marché.
- Les boules sont donc fabriquées à l’usine de Saint Bonnet le Château près de Saint Etienne. Existe t-il d’autres usines ailleurs ?
R.S : Nous avons exclusivement l’usine à Saint Bonnet le Château. La fabrication a démarré ici. On est livré en acier qui vient de Suisse, de France ou de Suède. On transforme cet acier directement dans nos ateliers depuis le départ et ça n’a jamais changé, que ce soit pour les boules de loisirs ou pour les boules de compétitions. Les deux méthodes ne sont en revanche pas les mêmes. Il y a des aciers un peu différents : plus technique pour la compétition parce qu’il faut plus de précision. On a des variantes de diamètre, de poids … Les boules de loisirs ont une taille unique (adulte et enfant). Par contre, nous avons 3 boutiques en France, une à Saint Bonnet, une à Paris et une à coté de Nice.
- Combien y a-t-il de salariés et quelle est la production annuelle de boules en temps normal (hors Covid)
R.S : Aujourd’hui on est environ 80 salariés au niveau de la Boule Obut. S’ajoute à cela 12 personnes gérant le restaurant. Hors période Covid, nous produisons environ 2 millions de boules fabriquées par an.
- Justement, cette crise sanitaire vous a-t-elle impactée ? Si oui comment vous êtes-vous adaptés ?
R.S : L’année 2020 a été particulière. On a connu une baisse d’activité comme beaucoup d’entreprises. Toutes les compétitions se sont arrêtées. Beaucoup de salariés ont été en télétravail pour les bureaux ou en chômage partiel pour les personnes présentes sur les évènements. Par contre, nous avons continué à produire au niveau de l’atelier. La période de mars à mai 2020 a été complexe puisque c’est le moment où on livre les magasins. A la réouverture en juin, au niveau commerce, nous avons eu affaire à un phénomène tout à faire explicable : une forte demande et des fortes ventes sur toutes les boules de loisirs. Les gens, enfermés chez eux, se sont équipés pour revivre des moments en familles ou entre amis. En revanche, les compétiteurs en stand by du fait de l’arrêt des compétitions, n’ont pas renouvelé leur matériel. On a pu faire une année 2020 somme toute correcte comparé aux années précédentes.
- Depuis 2019, des modifications ont été faites sur l’emballage des produits afin de réduire les rejets en plastique. Avez-vous des projets de la sorte dans les années à venir ?
R.S : On continue dans ce sens là. Tous nos emballages en plastique sont désormais en carton, en collaboration avec la société locale Viallon de St Just Malmont. On a aussi rapatrié depuis quelques années toute notre fabrication de bagagerie en France. Nos objectifs sont le rapprochement avec une société de Charlieu : les Tissus de Charlieu pour fabriquer un sac durable. Au niveau de la production, on a développé petit à petit une gamme de loisir 100% inox qui ne rouillent pas. Au niveau des boules de compétitions, on essaye d’améliorer certaines techniques pour l’environnement. Enfin , nous travaillons quotidiennement pour favoriser le recyclage. Le respect de l’environnement est un axe majeur de notre entreprise. On est à Saint Bonnet le Château, village de 2000 habitants entourés d’arbres. On se doit d’avoir un vrai respect du lieu dans lequel on travaille.
- Pour terminer, il y a longtemps eu un débat sur l’intégration de la pétanque en tant que sport olympique. Finalement ce sport n’a toujours pas été intégré ! J’imagine que ce serait bénéfique pour vous ?
R.S : Oui ça pourrait mettre en éveil ce sport à l’étranger mais aussi être une vraie vitrine. Ce serait un moyen de donner aux gens l’envie de jouer ou de découvrir. Ce jeu là est dans la culture française et on a du mal à le développer à l’étranger. Au-delà de l’Europe, il y a quand même quelques pays où on joue à la pétanque, en Thaïlande notamment. Il y a une trentaine d’années, la reine de Thaïlande était venue en France pour des vacances. Elle a découvert ce jeu et l’a trouvé attrayant au niveau concentration, stratégie et précision. Elle l’a rendu obligatoire à l’armée thaïlandaise notamment pour le coté stratégique.
- Un mot de la fin ?
R.S : Nous avons le souhait de conserver un savoir faire français et sur le territoire de la Loire. Un nouveau musée a ouvert ses portes le 19 mai ainsi qu’une nouvelle boutique. Le restaurant a aussi changé de look. On vous y attend nombreux. ”
Crédit photo : Yves Renaud / Radio France