Nouvelle étape de votre Tour d’Euro, avec cette-fois ci une escale au pays du kebab. Décryptage en 5 points de l’équipe nationale de Turquie qui sera du voyage à l’Euro 2016 en France.
- L’histoire de la Turquie à l’Euro ( cinquième participation )
L’histoire de la Turquie à l’Euro débute dès la première édition de la compétition, à savoir en 1960. Cette année-là, elle se fait éliminer dès les huitièmes de finale au dépend de la Roumanie (3 à 2 sur l’ensemble des deux matches aller/retour). Puis, pendant 36 ans, la sélection turque se retire des radars et n’est plus présente dans les grandes compétitions internationales. C’est seulement en 1996 qu’elle se qualifie à nouveau pour un Euro. Éliminée en poule, la Turquie fera mieux 4 ans plus tard, en allant jusqu’en quart, avant d’être éliminée par le Portugal (0-2). Son plus beau parcours, la Turquie l’a vécu lors de l’édition 2008 organisée conjointement par la Suisse et l’Autriche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette compétition restera longtemps gravée dans la mémoire du peuple turc. Pourtant mal engagée après une défaite d’entrée face au Portugal, l’équipe déjà emmenée à l’époque par Fatih Terim, parvient à se sortir de la Poule A assez miraculeusement. En effet, lors de leur deuxième rencontre face aux suisses disputée sous une pluie diluvienne, les turcs sont menés 1 à 0 jusqu’à la 57ème, moment choisit par Semih Sentürk pour ramener les deux équipes à égalité. Mais un nul n’arrange personne. Et ça, Arda Turan, alors âgé de 21 ans et à l’époque encore imberbe, l’a bien compris. A la toute dernière minute, c’est lui qui permet à son équipe de l’emporter sur le fil. Le début d’une épopée marquée par des scénarios complètements invraisemblables.
Pour se sortir de cette poule, la Turquie se doit donc de l’emporter face à la République Tchèque dans ce qui ressemble à un huitième de finale (le gagnant étant directement qualifié pour les quarts, en cas de nul la décision se faisant aux tirs aux buts). Encore une fois, tout débute mal pour les turcs menés 2 à 0 à l’heure de jeu. Mais c’était sans compter sur un dernier quart d’heure de folie qui restera gravé dans l’histoire du football turc. C’est d’abord Turan, encore lui, qui vint réduire la marque à la 75ème. S’en suit une bourde de Cech, qui ne capte pas bien la balle ce qui profite à Nihat qui ramène les deux équipes à égalité (2-2, 87ème). Mais alors qu’on se dirige tout droit vers une séance de penalty, l’improbable se produit : Nihat, en bon capitaine et bien servit par Altintop, se présente seul face au gardien tchèque et enroule son ballon sous la barre, 3-2, la Turquie est qualifié ! Quel fin de match !
En quart, c’est face à la Croatie que les hommes de Fatih Terim jouent leur qualification pour les demies, ce qui serait une première dans ler histoire. Très serrée, la rencontre accouche sur un 0-0. Prolongation, donc. Pendant 28 minutes, les deux équipes vont faire jeu égal. Mais pourtant, ce sont bien les croates qui finissent par trouver la faille au bout des prolongations par l’intermédiaire de Klasnic (119ème). On pense alors que s’en est fini des chances turcs dans cette compétition. Et pourtant, une nouvelle fois, ils vont réaliser l’impensable. A la toute dernière minute du temps additionnel, Semih Sentürk, entré quelques minutes plus tôt, profite d’un cafouillage dans la surface suite à un dernier long ballon balancé dans la boîte pour envoyer une mine sous la barre et ramener les deux équipes à égalité. La marré rouge chavire, un nouvel exploit est en marche.
La séance des tirs aux but ne sera qu’une formalité pour une équipe touchée par la grâce. Et comme un symbole, c’est l’emblématique gardien Rüstü (120 capes, record en Turquie) qui envoie son équipe en demie en repoussant deux penaltys croates. Malheureusement, toute belle chose à une fin et c’est en demie-finale face à l’Allemagne que cette valeureuse équipe turque terminera cette compétition. Une défaite 3-2 malgré une égalisation à 2-2 à la 87ème de Semih Sentürk. Mais ce sont finalement les allemands qui ont eu le dernier mot, en l’important sur le fil du rasoir à la 90ème grâce à un but de Philip Lahm.
Cet Euro restera malgré tout dans les mémoires de tout un peuple turc comme l’un des plus beaux exploits de leur histoire. Une épopée magique dont il s’en souviendra encore longtemps.
- Une qualification à l’arrache
Pour se qualifier les coéquipiers d’Arda Turan n’ont pas fait dans la facilité, pour changer. La Turquie en fait c’est un peu comme ce pote qu’on a tous eu au collège, celui qui foutait rien les deux premiers trimestres avant de tout donner dans le troisième pour finalement passer de justesse. Voilà comment résumer cette équipe. Vous l’aurez donc compris, la Turquie démarre mal, très mal même : deux défaites lors de ses deux premières rencontres, 3 à 0 en Islande puis 2 à 1 à domicile face à la République Tchèque, suivit d’un nul en Lettonie (1-1). Leur première victoire arrive finalement au dépend du Kazakhstan (3-1) et elle est ensuite passée toute prête d’une victoire importante aux Pays-Bas, avant de se faire rejoindre à la dernière minute (1-1). Heureusement, les turcs vont finir leur phase qualificative tambours battants. Tout débute par une victoire au Kazakhstan, 1-0, grâce à Turan à la 83ème, s’en suit un nul à domicile face à la Lettonie (1-1). Puis vint ensuite la rencontre décisive face au Pays-Bas, eux aussi très mal en point, pour un match qui permettrait à l’une des deux équipes de prendre un avantage sur la 3ème place, synonyme de barrage. Lors de cette rencontre, la Turquie ne va pas faire dans la dentelle : une victoire nette et sans bavure, 3 à 0. Elle a alors son destin en main et ne va pas le lâcher. D’abord en s’imposant 2 à 0 en République Tchèque, puis en battant l’Islande à domicile sur un but à la … 89ème, l’histoire se répète !
Classée 3ème avec 18 points, derrière la République Tchèque (22 points) et l’Islande (20 points), la Turquie se paye même le luxe de finir meilleur 3ème de toute les qualifications, ce qui leur permet d’éviter les barrages et ainsi, de se qualifier directement pour l’Euro 2016 en France, 8 ans après leur dernière participation.
- Le groupe à l’Euro
L’équipe de Turquie est placée dans le Groupe D composé de deux adversaires qu’elle connaît bien puisque la Croatie et la République Tchèque sont également présentes dans cette poule en plus du double champion d’Europe en titre, l’Espagne. Elle retrouvera donc deux équipes auxquelles elle a mené la vie dure durant l’Euro 2008, deux équipes qui auront ainsi a cœur de se venger de leur dernière rencontre dans cette compétition. Un groupe relevé finalement, ou ces 3 équipes devraient se disputer les deuxièmes et troisièmes places, la première étant prédestinée aux espagnols. Aux turcs donc, de se montrer plus forts et convaincants que leurs adversaires.
- Le joueur clé : Arda Turan
Il a le physique du spartiate dans le film 300 et il n’en est pas moins combatif. Véritable guerrier sur un terrain, il sait également se montrer technique et altruiste quand il le faut. Capable de jouer dans un milieu à 3 comme numéro 10, Arda Turan est un joueur complet, comme on en voit rarement. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant si Barcelone est venu à la charge cet été pour s’attacher les services de l’ancien joueur de l’Atletico Madrid, club avec lequel il a remporté la Liga et est parvenu jusqu’en finale de la Ligue des Champions, face au Real Madrid. Leader charismatique en dehors, mais également sur le terrain, il est tout naturellement le capitaine de sa sélection. Auteur de deux buts lors des qualifications, il aura la lourde charge de porter sur ses épaules le poids de tout un peuple qui n’attend qu’une chose : rugir de plaisir.
- Pourquoi la Turquie va gagner l’Euro ?
Parce qu’ils sont fous ces turcs, tout simplement ! Capable du meilleur comme du pire, ils peuvent mettre en danger n’importe quelle équipe. Le plus difficile sera surement de passer les poules. Mais une fois la phase finale atteinte, ils sont capable, sur un match, de se surpasser. Mentalement en tout cas, la Turquie présente un avantage conséquent sur ses adversaires comme ils l’ont prouvé durant l’Euro 2008. Emmenés par leur gourou national, Fatih Terim, et portés par tout un peuple, les coéquipiers d’Arda Turan devront s’inspirer du film 300 pour réaliser l’impensable : remporter le premier Euro de leur histoire. Et cette équipe est tellement folle et imprévisible, qu’on a (presque) envie d’y croire.
Baromètre Parlons Sports – La Turquie ★★★★★ ☆☆☆☆☆
La prochaine étape du Tour d’Euro Parlons Sports : La Pologne